"On avait l'impression que c'était une guerre bactériologique." Cinq après la pandémie de Covid, les souvenirs sont encore douloureux

24 lits d'urgence installés dans la nef du CHPF lors de la pandémie de Covid-19.
Il y a cinq ans jour pour jour, le 23 mars 2020, la France déclarait l’état d’urgence sanitaire, après les deux premiers décès liés au virus. Si la pandémie fait désormais partie du passé des Polynésiens et des soignants, les séquelles demeurent encore et les souvenirs sont encore douloureux pour beaucoup de familles.

"Atroce. J'avais mal de partout avec cette maladie." Ce sont les premiers mots de Simone, à peine le mot Covid évoqué. "Je l'ai vécue avec ma petite famille. C'était comme si on était enfermé à la maison. Il fallait une attestation juste pour aller au magasin, à la station" poursuit Simone, qui a été l’une des premières personnes à contracter le Covid-19.

En Polynésie française, le confinement a été mis en place le 20 mars 2020, quelques jours après la détection des premiers cas à Tahiti. Viniura est quant à lui passé entre les gouttes, mais il se souvient du confinement. "Des fois y a des disputes. Comme tu restes tout le temps à la maison" confie-t-il. "J'avais peur pour les autres Polynésiens. Et surtout pour les personnes âgées. La vie a maintenant repris son cours normal." dit-il, soulagé.

Au centre hospitalier de Taaone, dans le service maternité, dix lits sur quarante avaient été sanctuarisés pour les mamans atteintes du virus. Les visites étaient interdites. Pour les sages-femmes comme Vahine Teumere, il y avait tout un dispositif à respecter.

On avait peur parce que c'était quelque chose de nouveau. On avait l'impression que c'était une guerre bactériologique. Fallait enfiler une casaque, la charlotte, le masque. En plus c’étaient des masques FFP2 à l'époque, avec lesquels c'était très difficile de respirer. On avait des lunettes, si par exemple on avait des dames qui toussaient bien. Il fallait mettre des gants.

Vahine Teumere - sage-femme au CHPF

Autre particularité, le personnel soignant devait être sur tous les fronts. "Je ne m'occupais pas que des femmes enceintes ou que des mères qui ont accouché" témoigne Vahine. "On avait un service qu'on appelait le tout-venant, où je pouvais être amenée à aider l'infirmier du service à s'occuper d'hommes alors que je suis sage-femme."

Y'aura toujours un avant et un après Covid. 

Vahine Teumere - sage-femme au CHPF

Depuis 2020, près de 700 personnes sont décédées à cause du Covid-19.