Onati : les offres de la reconquête plomberaient les caisses de près de 1 milliard de Fcfp, le DG sur la sellette

Thomas Lefebvre-Segard devrait être débarqué vendredi 30 décembre 2022, à l’issue de son entretien préalable.
Entre 800 et 900 millions de Fcfp, c’est le déficit qu’accuserait en cette fin d’année la filiale du groupe OPT, pour la première fois de son histoire. Un très mauvais bilan financier qui pourrait coûter cher à son directeur général. Thomas Lefebvre-Segard devrait être débarqué vendredi 30 décembre 2022, à l’issue de son entretien préalable. Jusqu’à l’an dernier, c’est pourtant ONATI qui venait en aide, avec le pays, à Fare Rata, filiale de la holding, à hauteur de près de 1, 3 milliards de Fcfp chaque année.

Thomas Lefebvre-Segard avait été nommé en août 2021 pour « insuffler une énergie nouvelle pour faire face à une situation difficile » [déclaration dans Tahiti Infos du 2 août 2021, ndlr], mais il semblerait que l’ancien directeur de Vodafone Polynésie n’avait pas les batteries assez pleines, en débarquant dans le groupe. Le directeur général de Onati est convoqué à un entretien préalable à une révocation vendredi 30 décembre 2022. Malgré des « objectifs atteints » selon nos sources, le premier opérateur en Polynésie française accuse un déficit de près de 1 milliard de Fcfp. Une première historique qui ne passe pas.

Le directeur général de Onati a reçu sa lettre de convocation du Président-directeur général du groupe, Jean-François Martin, mardi 27 décembre 2022 dans l’après-midi. Il s’agit d’une convocation à un entretien préalable à une révocation. N’ayant pas été embauché sur un contrat de travail, Thomas Lefebvre-Segard dispose uniquement d’un mandat social. Lors de sa nomination, et Bruno Arbonel à la tête de Fare Rata, il était précisé selon les informations diffusées au sein du groupe OPT que les deux hommes avaient « trois ans pour faire leurs preuves ». Au bout de seize mois passés à la tête de la filiale du groupe, le PDG aurait décidé de s’en séparer.

Mardi matin pourtant, nos confrères de La Dépêche de Tahiti diffusait une interview du directeur général de la société. Dans cette dernière, Thomas Lefebvre-Segard se satisfaisait que « 2022, en terme de croissance sur notre nombre de clients, est une année exceptionnelle », avant de nuancer « alors j’entends déjà dire « année exceptionnelle, résultats exceptionnels »…Tel n’est pas le cas. Nous avons des engagements financiers qui sont très lourds chez Onati ». Et pour expliquer ces « engagements financiers très lourds », des installations vieillissantes notamment. Mais à aucun moment le directeur général n’a mentionné les offres commerciales proposées par la société cette année. Car en réalité, elles seraient bien la raison de ce gouffre financier. Une réalité confirmée en coulisse. Certains nous ont déclaré que « 2022 a été une catastrophe. Son interview dans la Dépêche de Tahiti est de la manipulation d’opinion ».

Les offres de la reconquête clients

C’est en août 2022 que les cadres de Vini-Onati avaient fièrement présenté leurs nouvelles offres de téléphonie mobile, près de deux mois après les offres fibres. Vini Iti, Vini Nui et Vini Reva… De 450 Fcfp par mois pour 1 heure d'appel local, les SMS illimités et 100 Mo d'internet, à 9 900 Fcfp par mois avec appels et SMS illimités vers tous les opérateurs, 12 heures d'appels à l'international et 150 Go d'internet. Des offres qualifiées de « généreuses » par le directeur général de la société, Thomas Lefebvre-Segard, à nos confrères de Tahiti Infos, le 3 août dernier.

Mais voilà, les offres commerciales plomberaient les comptes. Dans la bataille commerciale du meilleur opérateur, ONATI propose des capacités mobiles supérieures pour un même prix, et la différence du coût « c’est Onati qui supporte », nous précise-t-on. Un coût de 500 millions de Fcfp au moins pour la société cette année selon les comptes présentés au conseil d'administration la semaine dernière. 

NOA creuserait aussi les caisses

Sur le site internet du groupe, il est indiqué que NOA est un système informatique de gestion commerciale. Il est le résultat d’un « ambitieux plan de digitalisation de l’entreprise [] qui permettra de faciliter le parcours client et le lancement de nouvelles offres ». Ce système informatique est d’ailleurs une des cinq forces stratégiques majeures de ONATI pour maintenir son leadership. Ce SI avait été lancé par l’ancien directeur Yannick Teriierooiterai, débarqué en juin 2021, avec comme prestataire Ericsson France. « C’est une catastrophe, on ne fait que payer mais cela ne fonctionne pas à 100% » se murmure-t-il dans les locaux.

Ericsson France qui est aussi le prestataire de OPT Nouvelle-Calédonie pour « Convergence », un projet informatique qui a coûté presque huit milliards de Fcfp, pour des résultats plus que mitigés. Selon nos confrères de Nouvelle-Calédonie la 1ère, ce système devait être une "révolution" pour l’OPT du Caillou. C’est devenu un "naufrage industriel", reconnaissait un membre de la direction, en juin dernier. Six mois plus tard, au dernier conseil d’administration de l'année, le 21 décembre 2022, l’heure était au bilan pour le programme "Convergence". 

Selon une étude commandée par l'OPT NC à Inetum, une société spécialisée dans le digital, la solution déployée par Ericsson France, pour optimiser le système d’information de l’Office, est inadaptée et défaillante. Un constat d’échec amer, pour un programme qui a coûté presque 8 milliards de Fcfp en investissements et en coûts d’exploitation.