Chaque jour, des élèves du collège de Paea ne se doutent pas qu’ils seront confrontés à des scènes de violences. "Je ne me sens pas en sécurité parce que j’ai peur aussi qu'on me tape", dit une jeune fille. "Souvent ça arrive par des blessures sur le corps, par des blessures sur la tête, souvent ils se disputent parce que l’autre veut de l’autre, ou sinon c’est parce que l’autre il veut tester avec l’autre", ajoute une autre jeune fille.
Situation critique
Vendredi 13 octobre, 11 bagarres se sont produites au sein de l’établissement…et à l’extérieur. Intolérable pour l’association des parents d’élèves. "Pour nous il s’agit de nous lever et de dire stop ! Ça suffit ! Parce que tôt ou tard ça sera un de nos enfants qui finira bien blessé....Un appel aussi à nos parents ! S’il vous plaît aussi chers parents, essayons aussi de pouvoir raisonner nos enfants !", s'insurge Nina Tama, présidente de l’association des parents d’élèves du collège de Paea.
Face à ce phénomène, qui a pris de l’ampleur depuis la rentrée scolaire, des parents sont inquiets et songent à des mesures radicales. "Hier j’ai dit à mes enfants : vous savez quoi ? Demain, c’est vendredi, eh bien je ne veux plus vous emmener le vendredi. Tant que le problème n’est pas résolu, tant qu’il y a toujours des bagarres, je ne veux plus les laisser aller à l’école", s'alarme Lucie, parent d'élève.
Souvent, la présence de la police municipale ne fait aucune différence. Les agents de sécurité sont parfois même désarmés. "Tous les matins on est là, à partir de 6h15, des fois on arrive à les attraper, des fois non, parce qu’ils ont des guetteurs. [La situation devient critique aujourd’hui ?] Très critique par rapport à avant, c’est de plus en plus !", s'inquiète Armand Germain, adjoint de la police municipal de Paea.
Manque de moyens humains
Ici, 654 élèves sont scolarisés. Pour assurer leur surveillance, 4 "pions" seulement. Comme beaucoup d’autres établissements de Polynésie, le collège de Paea manque clairement de moyens humains. Un dysfonctionnement signalé par les syndicalistes. "Pas de réponse puisque c’est lié à ce que l’on appelle le dialogue de gestion entre le ministère polynésien et Paris. Il faut donc des moyens donnés par le ministère de l’Education nationale, après les adjoints de l’éducation ce sont des personnels pays. Donc, le Pays, le gouvernement peut faire quelque chose", estime Titaua Lavie, secrétaire générale adjointe SE-UNSA éducation.
Quelles solutions pour pallier ce manque ? La balle est dans le camp des politiques. Mais la lutte contre les violences en milieu scolaire doit être communautaire, et l’éducation revient inéluctablement aux parents.