Son emprisonnement avait suscité l'indignation des défenseurs de baleines jusqu'en Polynésie. Le militant écologiste Paul Watson a finalement été remis en liberté ce mardi après le rejet par le Danemark de la demande d'extradition du Japon, et a jugé que sa détention a permis d'attirer l'attention sur "l'illégalité" de la chasse à la baleine. Dans un entretien vidéo à l'AFP, il s'est dit "très en forme" pour son "premier jour de liberté en cinq mois".
L'Américano-canadien avait été arrêté à Nuuk le 21 juillet après la relance d'une demande émise par le Japon en 2012 via une notice rouge d'Interpol. Les autorités nippones l'accusent d'être co-responsable de dommages et blessures à bord d'un navire baleinier japonais en 2010 dans le cadre d'une campagne menée par l'organisation Sea Shepherd. Elles "ont l'audace de m'accuser pour une chose mineure. Mon véritable crime a été de dénoncer leurs opérations illégales", a insisté M. Watson qui était en route avec son navire, le John Paul DeJoria, pour intercepter un navire-usine baleinier nippon flambant neuf lorsqu'il a été arrêté.
Contactée par l'AFP, la diplomatie japonaise n'a pas réagi pour l'instant. Le Danemark a fondé son refus sur "la durée totale de la détention de Paul Franklin Watson après son arrestation le 21 juillet 2024 et jusqu'à ce qu'une éventuelle décision d'extradition puisse être exécutée, et sur (le) fait que les actes pour lesquels l'extradition est demandée remontent à plus de 14 ans, ainsi que de la nature des actes en général", selon la décision consultée par l'AFP.
"Combat pas terminé"
Paul Watson "va pouvoir reprendre son action pour le respect de la nature, qui est aussi un combat pour l'humanité et la justice", a réagi à l'AFP un de ses avocats, Me François Zimeray. Paul Watson devrait rentrer en France où vit sa famille. "C'est ce que j'ai en tête en ce moment. Et c'est bien d'être là avant Noël parce que je ne les ai pas vus depuis le mois de juin", a-t-il dit. Présente à Nuuk, la présidente de Sea Shepherd France s'est dite soulagée. "Je n'arrive toujours pas à y croire", a confié Lamya Essemlali. "Il y a eu tant de hauts et de bas, tant de déceptions et tant de preuves que tout cela était motivé par des raisons politiques"."Je m'attendais au pire", a-t-elle ajouté.
"Le combat n'est pour autant pas terminé", a souligné un autre de ses conseils. "Nous allons devoir maintenant attaquer la notice rouge et le mandat d'arrêt japonais, afin d'être certains que le Capitaine Paul Watson puisse de nouveau voyager partout dans le monde, en toute sérénité, et ne connaisse plus jamais un épisode similaire", a indiqué Jean Tamalet, du cabinet King & Spalding. "Je ne devrais pas figurer sur cette liste", a insisté Paul Watson. "La notice rouge d'Interpol est destinée aux tueurs en série, aux criminels de guerre et aux grands trafiquants de drogue. Personne ne figure sur cette liste pour violation de propriété privée".
La détention du militant, engagé depuis une cinquantaine d'années pour la défense des baleines et connu pour ses actions coups de poing, a suscité un élan de sympathie en France où les autorités avaient demandé au Danemark de ne pas l'extrader, ainsi que chez les défenseurs de l'environnement.