Lundi 18 décembre, le Cobia 3 se prépare à quitter Papeete sans un litre de carburant à cause de la grève effective dans les sociétés d'hydrocarbures depuis le 14 décembre. En temps normal, le navire de la SNC Hargous transporte 30 000 litres d'hydrocarbures chaque semaine, soit 150 fûts de 200 litres.
Les îles éloignées toujours très impactées...
"On a aucune nouvelle. (...) Là, j'ai 140 commandes. La plupart sont réglées. Je ne sais pas comment je vais faire. Ils ont attendu les fêtes [pour faire grève] bien sûr...c'est toujours les îles qui sont lésées. Il n'y a pas de colère mais tu vois que [les habitants] sont mal. Ils n'auront rien et c'est toujours eux qui sont les plus démunis. Si Tahiti n'est pas touché, on s'en fiche... C'est un peuple qui a l'habitude qu'on ne s'occupe pas d'eux et ils se débrouillent. Mais là, ce n'est pas sympa pour les fêtes ! Je trouve ça dégueulasse. Surtout que ce n'est pas comme si le personnel [qui fait grève] n'avait pas déjà été augmenté !" déplore Eva Deane, gérante SNC Hargous & Cie.
Coprah-culteurs, perliculteurs, professionnels du tourisme ou encore pêcheurs : aux Tuamotu, toute l'activité économique des atolls risque d'être impactée.
"Ce sont les derniers voyages de l'année, après on n'a plus de ravitaillement pendant minimum trois semaines. Tout le monde n'a pas pu avoir son essence parce-que les goélettes ont un quota à respecter. (...) J'ai fait un peu de stock parce-qu'on sait que les derniers voyages, c'est déjà difficile même quand il n'y a pas grève. Mais avec la grève, ça va pénaliser beaucoup de monde. Tous les jours on consomme : moi je ne sais pas si je vais pouvoir avoir mon gasoil pour la pêche. J'en ai un peu mais je ne vais pas tenir un mois. On va s'entraider comme on a toujours fait dans les îles" décrit Raimana Maout, pêcheur professionnel de Arutua.
...mais habituées
De son côté, le Mareva Nui a quitté Papeete samedi 16 décembre, pour sa dernière rotation de l'année aux Tuamotu du nord et de l'ouest. Habituellement, le navire transporte 300 fûts mais cette fois, moins de la moitié des commandes a pû être honorée. Le navire et ses 22 membres d’équipage seront de retour à Motu Uta le mardi 26 décembre avant trois semaines de congés annuels. "On est obligés de rationner les commandes de nos clients. Ils sont déçus...mais bon après, ils savent que ce n'est pas de notre faute" indique Viriamu Fougerouse, directeur d'exploitation du Mareva Nui.
En attendant la reprise des rotations des navires fin janvier, les habitants des Tuamotu impactés par la grève des hydrocarbures pourront compter sur l’aide de leurs tavana.
Les Paumotu déjà habitués aux problématiques d'éloignement vont encore devoir faire preuve de patience, de solidarité et surveiller leur consommation.