Les conditions de développement, la couleur, l'épaisseur, tout compte...c'est ce qui fait la qualité unique de la "Perle de Tahiti". Une pierre précieuse d'exception, reconnue dans le monde entier, qui représente aujourd'hui la deuxième ressource économique de la Polynésie française. Alors, gare aux fraudes et à la surproduction, qui rendent la qualité médiocre...
103 mises en demeure et 894 rappels à la réglementation en 2023
Depuis 2017, la réglementation limite la production à 2 500 perles commercialisables et 12 000 nacres greffées par hectare. Mais ce n'est qu'en 2023 que la loi a commencé à porter ses fruits avec 103 mises en demeure — par exemple pour des achats ou ventes non déclarées —, 894 rappels à la réglementation et 25 contraventions de grandes voiries — pour des fare greffe qui doivent par exemple être retirés.
"Il y a eu des années où il y a eu une surproduction. C’est pour ça qu’on a mis en place un quota. On espère que ce quota sera respecté par tous les professionnels de manière à ne pas envahir les marchés [car] forcément, le prix va baisser... Il y a des amendes, des contraventions de grandes voiries données à des perliculteurs (...). On doit discipliner le secteur et avoir des acteurs professionnels", lance Maeva Wane, perlicultrice à Ahe et représentante du secteur au CESEC.
Le respect de la réglementation est essentiel pour éviter une surproduction et a fortiori, la baisse du cours de la perle. Ce sont les contrôles qui permettront de maintenir un équilibre entre la production et la vente et surtout après l'explosion hors norme du prix de la Perle de Tahiti, en 2023.
+10 milliards xpf, beaucoup trop pour durer
Outre la sortie de covid et le retour définitif des excellents greffeurs chinois chez eux, cette flambée s'explique aussi par un mouvement de mode lancé par deux influenceuses chinoises, apparues sur les réseaux et à la télévision, avec des perles et notamment des Perles de Tahiti. Du plus petit au plus grand : tout le secteur en a bénéficié. "On n’a pas l’habitude de vendre en gros mais c’est vrai que cette année, il y a eu beaucoup de demandes de l’Asie, de Chine notamment. Mais nous on s’axe principalement sur la vente aux détails et on valorise nos meilleures qualités de perles en faisant des bijoux, qu’on vend sur place et en ligne", témoigne Maeva Champon, perliculture à Tahaa.
Recettes totales en 2023 : 16 milliards de francs contre 6 milliards en 2022. Forcément, le secteur s’attend à l’effet inverse en 2024. D’autant qu’une pénurie actuelle de nacres, due entre autres au réchauffement des eaux, réduit la production et "n’aide pas tout le monde. Mais ça pourrait avoir un effet positif et maintenir les cours de la perle : moins de perles = plus de demandes !" Grâce à ça, Sabine Lorillou, négociante en perles et présidente du Syndicat des négociants en perles de culture de Tahiti (SNPCT), a bon espoir que la chute inévitable du cours de la perle ne soit pas trop fulgurante.
Le ministre de l'Agriculture Taivini Teai aussi veille au grain, grâce à "de nouveaux appareils" qui permettent de contrôler la qualité des perles et les 3 agents de la direction des ressources marines qui font appliquer la réglementation depuis 2023. Le Pays se dit prêt à former de la main-d’œuvre, qui manque cruellement au fenua et veut relancer les ventes aux enchères pour faire venir les négociants — notamment chinois et japonais — en Polynésie, comme n'a cessé de le faire Robert Wan.
Aujourd'hui, le prix de la Perle de Tahiti connaît déjà une légère baisse depuis le début de l’année et tourne autour de 900 xpf le gramme.