Mana Tua fait ses premières manœuvres à moto électrique en 2021, après six ans de freestyle à vélo. Et ce jeudi 21 décembre 2023, il apprend avec tristesse le décès d'une adolescente de 15 ans...à moto électrique. De nouveau, les deux-roues sont pointées du doigt. "Ça me fait de la peine, on ne sait pas ce qui est vraiment arrivé. Il y a des raisons de diaboliser la moto, il y en a qui font n'importe quoi. Mais combien de gens meurent dans des rodéos urbains ? Pas tant que ça, il me semble...et combien causent des accidents sur la route sous l'effet de l'alcool ou la drogue ? Voilà" veut démontrer le jeune homme.
À ses yeux, le wheeling est beaucoup trop diabolisé. Désormais encadré par la loi n° 2018-701 du 3 août 2018, le "rodéo sauvage" est presque devenue la bête noire des forces de l'ordre, qui tentent d'y mettre fin au travers de plusieurs opérations d'envergure... L'étudiant en master Direction Artistique souhaite véhiculer une image plus positive de cette discipline, en la pratiquant de manière responsable mais toujours ludique, comme outil de lutte contre la délinquance. Il a réuni jusqu'à 70 jeunes bikers lors d'un de ses événements lancés sur les réseaux sociaux.
En juillet 2021, il avait donné rendez-vous aux jeunes place To'ata :
À 21 ans, il rêve en grand. Mana Tua veut s'engager auprès de la jeunesse polynésienne en manque de repères.
Je préfère voir les jeunes faire du wheeling que d'être livrés à eux-mêmes. J'ai déjà vu un jeune de 13 ans sous ice...c'est grave ce qu'il passe aujourd'hui !
Mana Tua Bennett
Pourtant, au bout d'une dizaine de rassemblements organisés sans incident, Mana Tua constate amèrement que l'administration lui met des bâtons dans les roues, malgré le soutien infaillible de la commune de Punaauia. "Il faut des assurances, l'accord de la direction de la jeunesse et des sports...on propose des solutions pour les jeunes, libre à qui en a le pouvoir, de nous aider" lance-t-il.
L'idéal serait d'avoir un site dédié au wheeling et au freestyle à deux-roues, pour vivre librement cette passion.
En attendant, il la partage quotidiennement avec son groupe sur les côtes de Vaitavere. Diplômé d'une licence Info-Com et amateur de belles images, il est aussi très présent sur les réseaux sociaux. Il s'en sert d'ailleurs pour échanger avec une équipe d'adeptes basée à Philadelphie aux Etats-Unis et composée de bikers du monde entier, dont le jeune prodige de 11 ans Baby D Block, aux 1,3 millions d'abonnés sur Instagram. Ils seront peut-être en Polynésie dans les années à venir... Car les ambitions de Mana Tua vont bien au-delà des frontières de la Polynésie. Malgré le très fort attachement qu'il porte à sa culture, il veut aussi montrer à quel point la passion peut souder les liens et fédérer les peuples.