PORTRAIT. Ranitea Mamatui, triple médaillée d'or au Te Aito et porteuse de la flamme olympique

Ranitea Mamatui, étoile montante du vaa et porteuse de la flamme olympique.
Elle a surmonté la maladie grâce au va'a, remporté la mythique course Te Aito trois années consécutives et va faire partie des 124 porteurs de la flamme olympique le 13 juin prochain... Bien apprêtée dans sa combinaison bleue, Ranitea Mamatui nous raconte son parcours sans complexes et en toute humilité.

À 19 ans, Ranitea Mamatui a déjà tout d'une grande. 2021, 2022, 2023 : trois médailles d'or en junior à la prestigieuse course de pirogue Te Aito... Cette jeune femme a encore toute la fougue de la jeunesse et la tête sur les épaules. Elle est initiée au va'a, presque de force, à l'âge de cinq ans par son père. Après avoir expérimenté la danse, le football et la course à pied, elle prendra finalement goût au coup de rame. À 15 ans, elle se replonge dans la discipline et en fait sa passion.

J'aime être au contact de la nature. Tout ce qui touche à l'eau, à la mer. Tous les week-ends on était à la mer avec mes parents. (...) Pour moi c'était une évidence.

Ranitea Mamatui

Rameuse

Depuis, Ranitea s'entraîne sans relâche chaque jour. "J'aime repousser mes limites, me donner à fond. Pour moi, ce n'est même pas un entraînement, c'est pour me relâcher" dit-elle.

Certains sponsors ont remarqué le potentiel de Ranitea sur le plan d'eau.

Aller au bout de ses rêves

Les moyens modestes de sa famille ne lui permettent pas de s'offrir du matériel de haute qualité, mais elle parvient tout de même à acquérir un premier va'a. 

Pour lui offrir sa première pirogue, on a du économiser et on a eu l'aide de toute la famille. C'est quand même un investissement. Quand c'est sur Tahiti ça va, on peut payer les participations. Mais s'il faut les faire à l'international, cela a un coût aussi.

Mère de Ranitea

Comptez plus de 500 000 cfp pour un matériel de qualité moyenne...bien au-dessus de ses moyens. Mais peu à peu, Ranitea se démarque sur le plan d'eau. Les sponsors la remarquent. Récemment, l'un d'eux lui a fait cadeau de deux pirogues. Une chance inouïe pour Ranitea qui venait d'échanger son premier et unique va'a de l'époque contre un kayak.

"Pour lui offrir sa première pirogue, on a du économiser et on a eu l'aide de toute la famille" explique la mère de Ranitea.

 

Varier ses compétences

Car au début de l'année 2024, la jeune athlète a décidé de se lancer dans cette nouvelle discipline pour s'assurer un avenir. 

Pour devenir professeur de sport, il n'y pas d'option va'a. Alors, je me suis mise au kayak. J'ai moins d'équilibre mais je sens mieux la glisse dans les vagues et la remontée. [Il] n'est pas au top mais je voulais juste un kayak pour pouvoir m'entraîner. Du coup on a dû sacrifier ma pirogue en l'échangeant contre un kayak, parce-que c'est quand même cher...

Ranitea Mamatui

Rameuse

Un choix tactique qui ne lui fait pas oublier sa discipline de cœur : le va'a. "Peut-être que c'est culturel. Je me sens en harmonie sur un va'a même si j'aime le kayak", confie la jeune rameuse.  

En début d'année, Ranitea a aussi appris qu'elle ferait partie des porteurs de la flamme olympique. Une merveilleuse surprise... "Quand on a déposé ma candidature je ne croyais pas que j'allais être sélectionnée. Quand on m'a envoyé la nomination j'étais vraiment heureuse. Toute la famille a fondu en larmes !" s'enthousiasme la Tahitienne. 

Pleine d'ambition, Ranitea Mamatui nourrit le rêve ultime de participer aux Jeux Olympiques et espère un jour faire évoluer la place de la femme dans le sport en Polynésie. Elle pensera fort à ces vœux, le 13 juin prochain...

Le reportage de Kaline Lienard, Heidi Yieng Kow et Aurélien Ng Fok :

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