Préavis de grève à Air Tahiti : les délégués syndicaux s'insurgent contre l'intersyndicale !

Louis Tumarae, représentant du Syndicat des mécaniciens aéronautiques, en désaccord avec Cyril Le Gayic de la CSIP sur le préavis de grève déposé sans l'accord des délégués syndicaux d'Air Tahiti.
Le trafic aérien interîles ne sera plus perturbé. Un accord est signé entre syndicalistes et la direction d'Air Tahiti. Mais avant, les délégués syndicaux de la société ont dénoncé l’attitude cavalière de l’intersyndicale après le préavis de grève déposé par cette dernière, sans aucune consultation préalable. Alors que des négociations étaient en cours, ils ont manifesté leur mécontentement et leur opposition à cet acte décidé unilatéralement.

Tous les syndicats d’Air Tahiti soutiennent leur directeur général ! Et surtout ce matin ils sont venus à la réunion de négociation pour exprimer un mécontentement contre leur centrale syndicale. Une première ! En effet, tous ont été surpris de constater le dépôt d’un préavis de grève par celle-ci. Car aucun d’entre eux n’a quoi que ce soit à revendiquer. Ils sont bien conscients d’avoir été utilisés pour faire pression sur les autres grèves en cours à l’aéroport de Tahiti-Faa’a et n’ont pas apprécié.

"On n'est pas des pions"

"On considère qu'on n'est pas des pions, qu'on nous utilise sur un échiquier quand ça va mal ailleurs. Ce n'est pas comme ça. Une grève doit venir des employés, ça monte au-dessus, on essaie de discuter avec notre direction et si ce n'est pas bon, on initie un mouvement de grève. Là c'est l'inverse. C'est à dire que des gens ont décidé pour nous, pour nous demander de faire la grêve !", s'indigne Titaina Viriamu, secrétaire générale du Syndicat du personnel naviguant PENCAT. "C'est pas des choses à faire...ce ne sont pas des pratiques acceptables en fait. On est un peu remonté", déplore de son côté Louis Tumarae, représentant du Syndicat des mécaniciens aéronautiques.

"Pas besoin de leur autorisation"

Beaucoup de syndicats d’Air Tahiti sont affiliés à la centrale syndicale CSIP. Son représentant dit ne rien avoir à se reprocher. "Je n'ai pas besoin de leur autorisation pour poser des revendications puisque je sais que ces problèmes traînent depuis des années. Le problème des temps partiels ne date pas d'aujourd'hui et je n'ai pas besoin d'eux pour soumettre à la direction que c'est un danger. Le danger, c'est demain, ça va coûter très cher à la société. Et ça, ils n'y ont pas réfléchi...Pourquoi devrais-je avoir leur soutien puisqu'on n'a pas été la grève ?", se demande Cyril Le Gayic, 1er secrétaire général adjoint de la CSIP.

De son côté, le directeur général d’Air Tahiti peut avoir le sourire. Il vient de signer un protocole d’accord en un temps record, en ayant peu concédé et avec le soutien de tous les syndicats de sa société. Il n’a concédé à aucune revendication financière. Seuls 2 points ont été rapidement étudiés. "Le premier concerne un sujet de contentieux social à propos de certains collègues, et le deuxième concernait la volonté de nous voir être plus présents peut-être en matière de formation mais on a vite rappelé qu'on était déjà très engagé dans ce domaine", explique Edouard Wong Fat, directeur général d’Air Tahiti.

Edouard Wong Fat, DG d'Air Tahiti, a le soutien de ses employés et des syndicats de la société qu'il dirige.

Par ailleurs, un délégué syndical a souhaité parler en face à face avec Cyril Le Gayic. "J'ai tenu à le voir pour lui faire part de mon désaccord, de la manière dont les choses se sont déroulées, je lui ai demandé une discussion ultérieure de manière apaisée, de façon à ce qu'on soit au diapason pour les prochaines actions à mener", remarque Louis Tumarae du Syndicat des mécaniciens aéronautiques.

Le protocole d’accord d’Air Tahiti a été signé au bout de 2 rencontres seulement. Probablement un record.

Les centrales syndicales pensent pouvoir signer un accord d’ici 2 jours pour ADT.

Le reportage de Nicolas Suire :

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