Même si Emmanuel Macron l'emporte largement au niveau national, en Polynésie ce n'est pas le cas. Ici il obtient 51,8% des voix et Marine Le Pen 48,2%.
Qu'est-ce qui explique ce faible écart entre les deux finalistes et la progression significative de la candidate du RN en Polynésie ?
Depuis Makemo, Gaston Flosse d'abord soutien de Pécresse au 1er tour puis de Marine Le Pen au second, salue "une victoire de Le Pen car l'écart est pratiquement nul...Le Pen a gagné, nous avons gagné !", s'exclame le président du Amuitahiraa o te nunaa maohi. Et d'ajouter que cette élection "a été une élection entre le Tapura et le Amuitahiraa, c'est la signification qu'il faut retenir". Gaston Flosse en profite alors pour fustiger le gouvernement de Fritch : "c'est un signal dont il faut tenir compte pour les prochaines élections. Il y a un rejet des mesures prises par le gouvernement".
Ecoutez Gaston Flosse :
De son côté, le soutien historique de Marine Le Pen en Polynésie, Eric Minardi du Te Nati-RN, n'apprécie guère que "certains se sont servis de cette élection comme d'un tremplin pour aller aux législatives, pour avoir de la visibilité [sur les plateaux de télévision], en radio et dans les journaux, pour pouvoir ensuite penser aux territoriales". Selon lui, la progression de Marine Le Pen s'explique parce que "nous avons fait un programme pour la Polynésie : une université de la mer, un grand ministère des Outre-mer, le remboursement de la CPS pour les frais [engagés] pour les maladies radio-induites".
Ecoutez Eric Minardi :
Edouard Fritch, président du Pays et leader du Tapura, constate qu'entre "2017 et 2022, Emmanuel Macron a perdu 9 500 voix...Bien sûr que les scores se sont érodés depuis 2017. Ce qu'il faut retenir, c'est sa victoire". S'il remarque que "le Amuitahiraa revendique la victoire de Le Pen", il reconnaît aussi qu'il y a "un conglomérat pour s'opposer au Tapura en vue des prochaines élections". Mais surtout ce 2e tour de l'élection a mis en évidence la percée de Marine Le Pen dans plusieurs bastions du Tapura, comme à Bora Bora, à Huahine ou à Papara. L'explication d'Edouard Fritch : "nous avons passé deux années difficiles [covid, sauvegarde de la PSG], j'ai pris beaucoup de décisions qui n'ont pas plu à beaucoup...dans cette victoire, il y a un signe fort des électeurs, c'est une alerte, j'en tiens compte et j'assume. Et sur le terrain, on n'a pas suffisamment travaillé, et été voir les électeurs".
Ecoutez Edouard Fritch :
Le politologue Sémir Al Wardi constate qu'en Polynésie, "Marine Le Pen a dépassé le plafond de verre avec 41,8 % des voix. C'est un score extraordinaire pour elle. Elle était à 33,9%. c'est une réelle progression". Et pour lui, c'est grâce aux "reports au 2e tour", soutenus par des personnalités locales comme "Tauhiti Nena, Nuihau Laurey ou Gaston Flosse...C'est là qu'on voit qu'un soutien local fait passer Marine Le Pen de 11 000 à 39 000 voix". Et de préciser que "le soutien de Macron ici, c'est Fritch...qui a encore un mois et demi pour s'expliquer sur sa gouvernance qui, apparemment n'a pas plu et a fait baisser les voix [de Macron] de 10 000 et qui en même temps a fait progresser l'abstention". C'est un avertissement très sérieux "que le gouvernement doit tenir compte". De quoi rassurer les autres partis avant les législatives.
Ecoutez Sémir Al Wardi :