Les deux candidats à la présidentielle américaine se sont livrés à un duel poussif, jeudi, sur le plateau de la chaîne CNN, à Atlanta (Géorgie, Sud-Est). Inflation, immigration, avortement ou l’Ukraine... Les deux candidats ont débattu sur des sujets attendus. Joe Biden n’a jamais réussi à s’imposer réellement, même s’il a un peu gagné en aisance au fil du débat.
"L’inflation tue notre pays", a affirmé d’emblée Donald Trump extrêmement à l’aise, assurant que son rival faisait du "mauvais travail", malgré la croissance robuste et l’emploi au beau fixe. Le démocrate de 81 ans a, lui, attaqué sur un sujet qu’il sait délicat pour le milliardaire, en lui reprochant son action "terrible" contre le droit à l’avortement. Il a aussi accusé Donald Trump de "mentir" en affirmant que l’immigration clandestine faisait flamber la criminalité.
Attaques des deux camps
Le démocrate a rappelé que le républicain était un "criminel", après avoir été jugé coupable dans une affaire de paiements dissimulés à une ancienne actrice de films X. Il l’a aussi accusé d’avoir encouragé les émeutiers du Capitole, le 6 janvier 2021. "Je n’ai rien fait de mal", a répliqué l’ancien président, inculpé dans plusieurs autres affaires, en affirmant que le système judiciaire était "truqué".
Donald Trump a affirmé que son rival n’était « pas taillé » pour être président, et l’a présenté comme un dirigeant faible. L’ancien président, âgé de 78 ans, a par ailleurs mis au défi Joe Biden de se soumettre à un "test cognitif", en fanfaronnant qu’il en avait lui-même passé deux et qu’il avait "brillé".
Les médias américains font état d'une vague de "panique" chez les démocrates, à quatre mois de l'élection et à six semaines environ de la convention censée investir le président. Pour l'heure toutefois, aucun poids lourd du Parti démocrate n'a relayé publiquement ce sentiment.
Partisans démocrates ébranlés
"Je peux faire le boulot"... Au lendemain du débat, Joe Biden s'est efforcé de faire taire la petite musique sur un possible retrait de sa candidature à la présidentielle, après ce calamiteux débat face à Donald Trump qui a profondément ébranlé ses partisans.
"Je ne parle pas aussi facilement qu'autrefois, je ne parle pas aussi aisément qu'autre fois, je ne débats pas aussi bien qu'autrefois", a reconnu le démocrate de 81 ans, en meeting à Raleigh, en Caroline du Nord.
"Je vous donne ma parole de Biden. Je ne me représenterais pas si je ne croyais pas, de tout mon coeur et de toute mon âme, que je peux faire ce boulot"
Joe Biden - président sortant des États-Unis
Le dirigeant a dans la foulée reçu le soutien appuyé de Barack Obama, qui reste une des voix les plus respectées du Parti démocrate. "Les mauvais débats, ça arrive", a balayé l'ancien président, assurant que cette élection "restait un choix" entre quelqu'un "qui s'est battu toute sa vie pour les simples gens" et Donald Trump, "qui ne se préoccupe que de lui-même.". De son côté, le républicain a lui déclaré, ce vendredi, qu'il "ne croit pas" que Biden va jeter l'éponge.
48 millions de téléspectateurs
Le débat organisé par CNN a, selon l'institut Nielsen, rassemblé 48 millions de téléspectateurs. "Joe Biden, un homme bien, un bon président, n'est pas en position de briguer une réélection", a écrit ce vendredi un éditorialiste du New York Times, Thomas Friedman, en disant même avoir "pleuré" devant la prestation de son "ami" Joe Biden.
Même les partisans de Donald Trump se gardaient d'en rajouter."Le gars m'a presque fait de la peine. Trump l'a bouffé tout cru", a commenté Paul Meade, un retraité de 65 ans rencontré par l'AFP à Chesapeake, en Virginie, où le milliardaire de 78 ans est attendu en début d'après-midi.
Une liste de noms chez les démocrates en cas de désistement
La vice-présidente Kamala Harris elle-même a reconnu que Joe Biden avait fait un début "laborieux" mais estimé qu'il avait fini "en force" face à un opposant qui a multiplié les affirmations mensongères sans jamais perdre ni son calme, ni son aplomb.
La démocrate de 59 ans figure évidemment sur la liste de celles et ceux qui pourraient remplacer Joe Biden en cas de désistement avant novembre, avec ceux de quelques gouverneurs démocrates en vue, comme Gavin Newsom en Californie ou Gretchen Whitmer dans le Michigan.