"Einaa, Einaa !" A l'arrière d'une 504 Peugeot, une dame lançait ce cri que tout le monde connaît en Polynésie. C'était la période des einaa, des alevins, pêchés en grande quantité dans les embouchures de rivière, et qu'il fallait vendre aux gens postés en bord de route.
Il y a 20 ans, ces petits poissons convoités par le plus grand nombre pouvaient déjà rapporter une belle somme. Jusqu'à 1,5 million cfp par semaine ! "On peut dire que le einaa, c'est de l'or !", déclarait la vendeuse.
A l'époque, un sachet rempli avec un bol coûtait à peine 300 cfp. A cause de l'inflation, il avait même augmenté de 100 cfp. Soit 400 cfp.
Ce jour-là, sur la plage de Faaone, tous les pêcheurs de la côte Est s'étaient donné rendez-vous pour capturer en masse les précieux petits poissons. Les piéger dans les filets et les sortir rapidement hors de l'eau, le secret de leur réussite. Au prix d'efforts considérables, mais payants. 500 kg d'alevins faisaient leur bonheur.
Beaucoup d'énergie déployée, parfois dans une mer agitée, ceci expliquant pourquoi le prix des einaa pouvait fluctuer à la hausse. "Quand c'est fort la mer, c'est pour faire comprendre aux clients qui disent que c'est trop cher", expliquait alors la vendeuse qui avait elle-même aidé les pêcheurs à sortir les alevins.
Le reportage de Nicolas Suire :