Eliane Tevahitua "out", Chantal Minarii Galenon VP
"J'accueille ce titre avec humilité. Je voulais rendre hommage à Eliane et la remercier du fond de cœur pour son travail. La notion de vice-présidence est de travailler ensemble, travailler en inter ministérialité. Je remercie le président de me faire confiance". Ce sont les mots de Minarii Galenon, ce lundi matin. La ministre des Solidarités, en charge de la famille, de la condition féminine, des personnes non autonomes et des relations avec les institutions, a donc pris le poste de vice-présidence à la place d'Eliane Tevahitua.
Une prise de fonction saluée par Oscar Temaru, leader indépendantiste, présent à la table du gouvernement, ce matin. "Nous sommes entourés de pays anglophones, elle parle couramment l'anglais, c'est une bonne chose pour notre Pays (...) Minarii a aimé son pays avant qui que ce soit (...) Elle a compris ce qu'on voulait pour notre Pays" a-t-il déclaré.
Redistribution des portefeuilles
Cette annonce était finalement la seule grande annonce de ce remaniement du gouvernement Brotherson, depuis la Présidence. Pas de nouveaux entrants donc dans le gouvernement, Moetai Brotherson n'a pas changé les autres ministres, il a redistribué les portefeuilles de l'ancienne vice-présidente.
Ainsi Nahema Temarii récupère le ministère de l'Artisanat, Ronny Teriipaia celui de la Culture, Taivini Teai prend lui l'Environnement, il est également en charge de la cause animale. Le président lui-même récupère deux portefeuilles : celui du Foncier et du Logement, en plus de ce qu'il a déjà c'est-à-dire le Tourisme, les Affaires internationales, l'économie du numérique, les conséquences des essais nucléaires, des transports aériens internationaux, de l’égalité des territoires et du développement des archipels.
"Tout ça pour ça ! On n'a pas de remaniement depuis le limogeage de la vice présidente la semaine dernière (...) Le bilan a été présenté, aucune réforme n'a été engagée (...) Le fait de voir Oscar Temaru sur la table du gouvernement et donner son aval, c'est une grande première (...) Ce n'est pas de bon augure pour notre pays, cette équipe n'a pas su régler les problématiques de notre Pays, je ne vois aucune annonce, aucun souffle".
Nuihau Laurey, représentant de A Here Ia Porinetia (AHIP)
Un remaniement qui a fait réagir l'opposition. "Une redistribution avec beaucoup de portefeuilles remis au président du Pays alors qu'aujourd'hui on ne voit pas beaucoup de choses au Tourisme par exemple (...) Ce que je retiens surtout : il n'y a toujours pas de cap. À l'entendre ce matin, il est vraiment satisfait de son gouvernement, ce n'est pas l'avis de tous", a déclaré Nicole Sanquer, élue A Here Ia Porinetia sur notre antenne radio.
Bakou et l'indépendance
Très rapidement, la conférence de presse a dérivé sur d'autres sujets qui font l'actualité. Parmi les problématiques abordées, celle de la relation entre le Tavini et Bakou. Pour rappel, une délégation du parti s'est rendue une nouvelle fois en Azerbaïdjan pour une conférence autour du "droit à la décolonisation". Une visite qui a fait réagir, notamment parce que ce pays est considéré comme l'un des plus autoritaires au monde.
Interpellé sur le sujet, le président du Pays n'a pas souhaité vraiment s'exprimer et laisse le parti indépendantiste le faire. Il a néanmoins déclaré que "cette délégation est partie au titre du Tavini et ne s'est pas exprimé au nom de la Polynésie (...) Si on peut faire sans, ça me va, mais s'il faut forcer le trait pour tendre l'oreille...". Assis à la table du gouvernement, Oscar Temaru est intervenu pour surtout accuser les "médias occidentaux" de fabriquer "ce qu'ils veulent quand il s'agit d'un pays avec qui ils ne sont pas très en phase".
Autre sujet important abordé : celui de l'indépendance et d'un éventuel référendum. Un sujet en lien avec la situation que vit actuellement le Nouvelle-Calédonie. Deux visions se distinguent au sein du Tavini. Celle du leader indépendantiste, qui ne souhaite pas un référendum mais prend exemple sur les Vanuatu qui ont obtenu leur indépendance sans référendum. "Plus tôt on l'aura, mieux on sera (...) On n'est pas là pour faire la guerre à la France, on veut être un Etat souverain et indépendant, et être un ami de la France." a-t-il néanmoins assuré.
L'autre vision, c'est celle de Moetai Brotherson. "Il y a différentes manières d'accéder à l'indépendance (...) On a des lectures différentes, moi je suis très fan du référendum, c'est ma vision des choses."
La feuille de route
Cette conférence de presse a aussi été l'occasion de faire un point sur les réformes du gouvernement et les problématiques actuelles au sein du Pays. Moetai Brotherson a voulu être rassurant : "la réforme fiscale ne va pas s'opérer en un an" mais il y a un calendrier de concertations. "Le principal défi est peut-être d'arriver de faire en sorte que les mesures en faveur du pouvoir d'achat et du logement deviennent plus palpables, que les Polynésiens aient plus le sentiment qu'on s'occupe vraiment de ces sujets.", a-t-il assuré.
De quoi faire réagir l'opposition qui dénonce " des non-annonces". "On continue d'aller nulle part. On s'attendait à quelques changements, notamment sur l'Economie (...) Il n'y a aucun nouveau souffle (...) On a un exercice de langue de bois fabuleux, non tout ne va pas bien dans notre Pays !" a déclaré Nuihau Laurey, représentant de A Here Ia Porinetia (AHIP), en direct sur notre antenne radio.
Interrogé sur la situation au CHPF, et la démission des chefs de service, Cédric Mercadal, qui garde son ministère de la Santé, a assuré que les discussions avançaient : "On a discuté encore hier [NDLR dimanche 2 juin] , on a CA mardi après-midi, on va voir les avancées qu'on pourra faire. J'ai proposé un plan d'action (...) Les nouveaux fonds que j'ai débloqué, ils étaient fléchés pour pérenniser les postes (...) Une dotation arrivera sur l'investissement dans l'hôpital, c'est de nature à rassurer les choses (...) Il faut redonner la confiance aux soignants, c'est ça la priorité".