RENTRÉE. Problèmes de transport, retraite des enseignants ou encore propos racistes dans l'Education, on fait le point avec Diana Yieng Kow

Diana Yieng Kow, secrétaire générale du syndicat STIP-AEP-UNSA.
Diana Yieng Kow, du syndicat territorial des instituteurs professeurs et agents de l’éducation publique, était invitée sur notre plateau le 14 janvier pour aborder plusieurs sujets à l'occasion de la rentrée. Elle était interrogée par Cybèle Plichart.

"Bonne rentrée aux personnels !" a souhaité Diana Yieng Kow au début de son intervention. Plusieurs sujets ont ensuite été abordés, à commencer par le retard de versements des bourses aux étudiants, source d'inquiétudes en pleine rentrée. "Je suis un peu étonnée de ce retard puisque gouverner, c'est prévoir. Je pense qu'il y a certainement des raisons techniques...je ne vois pas le Pays ne pas être au rendez-vous !" lâche-t-elle.

Avec la rentrée, son lot de désagréments en matière de transports notamment... À Tahiti, les familles redoutent les embouteillages. À Moorea, le ministère de l'éducation a prévenu : il n'y aura pas assez de bus scolaire. Qu'en pense les enseignants ?

D.YK : Nos enseignants de Moorea ont été prévenus la semaine dernière. Il semblerait qu'ils aient proposés des solutions de décalage horaire pour pouvoir utiliser tous les bus qu'ils ont à leur disposition. Je voulais dire à ce sujet que c'est un problème récurrent. Là, c'est Moorea. Il y a Tahaa. Je pense que le monopole aussi des transporteurs privés est un sujet qu'il faut prendre en compte.

Les résultats des évaluations nationales sont tombés il y a deux mois en CP, CE1 et CM1 : les résultats sont inquiétants en Polynésie en termes de compréhension des textes ou de résolution de problèmes de mathématiques...êtes-vous sensibles aux chiffres qui ont été communiqués ? Que faire pour réduire les écarts de niveau ?

D.YK : En tant qu'enseignants nous sommes au coeur de ce sujet. Nous avons, dans les écoles, analysés les causes de ces résultats...ils ne sont pas très bons non plus en métropole. Je pense que la période covid a été un élément important sur la continuité des apprentissages. Les enseignants, c'est leur coeur de métier : comment faire mieux et réajuster si besoin.

Le ministre de l'Education nationale ou locale défraient la chronique. Ronny Teriipaia fait notamment l'objet d'une plainte pour provocation à la discrimination raciale. Il soutient les propos sur le blanchissement de la population et parle d' "invasion". Cela vous choque de la part d'un ministre de l'Education ? 

D.YK : Cela choque chacun d'entre nous. En tout cas au niveau de l'UNSA nous sommes contre toutes les discriminations. Les propos nous ont choqué. Nous avons décidé qu'en pleine instance, nous allions faire des déclarations. 

La ministre de l'Education nationale -Amélie Oudéa-Castéra- fraîchement nommée, a de son côté choqué les syndicats avec ses propos sur l'absence des professeurs dans le public. Le corps des enseignants s'est il senti visé ? 

D.YK : Oui, tout à fait. En Polynésie française, c'est un sujet qui revient souvent sur le tapis. Je pense qu'on n'a pas assez de moyens humains pour faire les remplacements, notamment lors des épidémies. Les enseignants sont des êtres humains. Il faut revoir le rythme scolaire, le stress liés aux résultats doivent être obtenus à tous prix...c'est un sujet de société ! 

Vous faites des propositions au gouvernements dans ce sens ? 

D.YK : Oui. Parfois nous sommes entendus, parfois non. Il faut toujours être sur le qui-vive. 

Cette année marque un tournant dans votre combat pour l'Indemnité temporaire de retraite (ITR). Un nouveau dispositif va remplacer l'ITR, il s'agit du régime additionnel de la fonction publique. Vous vous êtes battus pendant des années pour obtenir cette alternative : est-ce que vous êtes satisfaits ? 

D.YK : Après 15 ans de combat, on voit enfin un dispositif qui se met en place donc je suis plutôt satisfaite mais le combat n'est pas terminé : nous attendons le décret d'application. C'est dans ce décret qu'on aura tous les détails techniques de cette application. Dès le mois d'avril, on aura six mois pour se préparer et se positionner. Ce qui est positif, c'est que tous les fonctionnaire d'Etat auront un minimum de 4000 euros (environ 480 000 xpf) par an en plus de leur pension de base. C'est déjà mieux que rien !