Repérés très jeunes, les rugbymen wallisiens et futuniens percent au plus haut niveau

Au pôle espoirs de Nouméa, 10 heures de rugby par semaine. Dans les clubs, c'est 3 heures.
La coupe du monde de rugby commence dans quelques jours. Dans le XV national, cinq joueurs océaniens, d'origine wallisienne et futunienne. Ils ont été repérés et encadrés dès leur plus jeune âge, dans les clubs ou via l'académie pôle espoirs de rugby de Nouméa.

Moeahau et Jérémy ont quitté Wallis et Futuna pour intégrer l'unique académie mixte de rugby du Pacifique. Ils se préparent au haut niveau avec leurs camarades calédoniens, dont la plupart sont aussi d'origine wallisienne et futunienne. 

Normal, ces gaillards ont des aptitudes innées. "Avant tout, ce sont leurs qualités physiques qui sont au-dessus de la norme. Les profils océaniens sont des profils beaucoup plus forts et plus explosifs qui ont vraiment la volonté de percer dans ce milieu-là. C'est souvent 90% du mental qui fait la différence", explique leur coach.

En 5 ans d'existence, le pôle a formé une vingtaine de grands joueurs. Brent Liufau est le dernier en date. Ce garçon d'1,96 m occupe le poste de troisième ligne centre ou de deuxième ligne au sein de la Section paloise en France. Il a remporté le Championnat du monde junior en 2023 avec l'équipe de France des moins de 20 ans.

Brent Liufau, un colosse d'1,96 m, et champion du monde junior cette année.

Comment expliquer cette visibilité [des joueurs océaniens] ? "Le pôle espoirs fait partie intégrante d'une filière d'accession au haut niveau. Donc il y a le point départ qui est le pôle espoirs mais avant il y a un travail [de repérage] fait par les ligues et les clubs. Et après il y a une continuité en métropole. Forcément ils ont une visibilté dans le sens où ils subissent des tests qui sont identiques à ceux qui existent en métropole. Et forcément les clubs vont avoir plus d'informations précises pour prendre ce type de joueurs", précise le coach.

Une douzaine de clubs existent en Nouvelle-Calédonie. Parmi eux l'URC Dumbéa, le club d'accueil des joueurs venant de Wallis et Futuna. 

Dans celui-ci, Moeahau et Jérémy ont déjà leur avis pour progresser. "Les règles d'ici sont différentes de celles de métropole. Ici le passage en force est interdit, tu es obligé de désaxer pour entrer, et les plaquages à deux sont aussi interdits ici", dit le premier. "En France, il y a match tous les week-ends, ils sont un avantagés. Mais nous c'est 1 week-end sur 2", ajoute le second.

Des aptitudes physiques innées, mais aussi beaucoup de travail. La clé du succès (comme dans beaucoup de domaines).

Le pôle impose 10 heures de rugby contre 3 en clubs. Pourtant, d'autres Wallisiens et Futuniens arrivent à percer autrement. Taufi Falatea a son idée sur les raisons de ce succès. "Certains ont été repérés par le pôle mais ont décidé de ne pas y aller, et continuent en clubs. Mais ils sont quand même arrivés à entrer dans un centre de formation sans être passés par l'académie pôle espoirs de Nouméa. Grâce à ces réseaux on arrive directement à discuter, à échanger avec les décideurs dans les clubs pros", remarque Taufi Falatea.

Ces décideurs sont souvent les clubs d'origine des anciens tels que Taufi. Comme lui, beaucoup d'ex-rugbymen deviennent des références pour les jeunes. 

C'est aussi ça la transmission, ingrédient essentiel de la recette du succès de ces joueurs du bout du monde.

Le reportage de Nouvelle-Calédonie la 1ère :

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