Retour du RSMA à Hao : entre doute et espoir

Le retour du RSMA à Hao devrait quelque peu bousculer la quiétude de l'atoll.
Le projet sur l’installation de la prochaine 4ème compagnie du RSMA-PF avance rapidement. Mais quelle est l’opinion de la population sur place, d'autant que le projet aquacole chinois n'est toujours pas sorti de terre ?

Les choses se concrétisent à Hao. Suite à l’annonce du président de la République en juillet dernier sur la création d’une 4 ème compagnie du RSMA sur l’atoll, plusieurs délégations d’officielles se sont succédé, la population a vu défiler toutes sortes de responsables de l’Etat, du Pays, de l’armée et notamment l’état major de service militaire adapté le 3 décembre dernier.

Des dates sont même connues comme par exemple un premier chantier d’application du RSMA le 16 janvier 2022 ou encore l’arrivée des premiers militaires en poste permanent à partir de juin 2022 avec un début des travaux prévu la même année.

Booster l'économie

Ces premiers signes renforcent l'espoir des Paumotu, car le GSMA (groupement du service militaire adapté) existait déjà à Hao jusqu’en 2010, année où il a été dissous. A l’époque cette décision avait été plutôt mal comprise par la population parce que le GSMA faisait partie de la vie de l’atoll, de par les services que celui-ci apportait à la commune donc indirectement aux habitants, et d’autre part par l’apport certes faible mais non négligeable qu’il injectait dans l’économie locale.

Jo Pavaouau a connu l'ancien RSMA.

Jo Pavaouau a connu cette époque. "Pourquoi a-t-il été retiré ?", se demande-t-il. "C'est une bonne chose pour les jeunes. Après le RSMA, ils vont trouver du travail. Avant quand le SMA était là, il participait à la vie communale. Avec ce retour, l'économie devrait un peu redémarrer".

Plutôt une bonne chose

Ce nouveau RSMA (régiment du service militaire adapté) sous sa nouvelle appellation est perçu comme un logique retour à la normale, donc en général bien vu par les habitants de Hao tant du côté des jeunes que des plus anciens.

Toutefois ces derniers ne sont pas dupes et sont très conscients que le RSMA ne fournira que très peu d’emplois directs. En effet l’emploi est devenu la préoccupation numéro un sur l'atoll car depuis 12 ans, le pouvoir d’achat des habitants n’a fait que diminuer et la précarité s’est installée durablement dans la vie quotidienne.

Pas de travail assuré

Le RSMA apportera une dynamique certaine sur l’atoll, mais ce sera aux habitants de pouvoir trouver le moyen de créer de la demande afin de profiter au mieux de ce retour.

L'ancien maire de l'île aimerait que les formations assurées par le RSMA débouchent sur du travail.

C'est la position de l'ancien maire de l'île. Théodore Tuahine pense que "c'est une bonne chose pour la formation des jeunes. Par contre par rapport aux emplois, à la commune de faire en sorte que la formation débouche sur une insertion professionnelle".

Méfiance de mise

Les jeunes gens rencontrés savent également que le RSMA peut leur servir de tremplin en obtenant permis, diplôme, formation qualifiante ou une première expérience professionnelle et militaire (pour ceux qui voudraient servir plus tard dans l’armée de métier). Heifara, 17 ans, est dubitatif : "On verra bien, si c'est comme le projet [aquacole] chinois !"

Les jeunes ne demandent qu'à voir pour le croire !

Les plus anciens, quant à eux, connaissent les difficultés de l’emploi sur l’atoll, et encouragent la jeunesse à aller de l’avant en saisissant cette opportunité. Mais eux aussi n'attendent pas d’hypothétiques projets au financement douteux qui ont laminé bien des espoirs.

Papa Tehetu veut du concret, pas des promesses.

"C'est très bien pour l'avenir de Hao. Je n'ai plus confiance au projet aquacole chinois. Ici à Hao, il n'y a plus rien, c'est plus comme avant", constate Papa Tehetu.