Dans les allées du marché de Papeete, les sacs plastiques restent rois. Malgré les alternatives proposées, beaucoup de clients continuent de privilégier leur utilisation pour des raisons de praticité. Pourtant, certains commerçants font preuve d'initiative en proposant des solutions plus durables, comme le sac en papier ou les sacs réutilisables. "Je suis obligé de servir avec ces sacs plastiques, mais les gens qui viennent avec leur sac, ok je le donne, mais sinon j'ai une petit réserve derrière. Il y a rien à donner pour les clients, c'est pas trop solide quoi", constate l'un d'eux.
Une loi en quête de respect
Depuis deux ans, une loi interdisant l'utilisation des sacs plastiques est en vigueur. Pourtant, son application demeure problématique, notamment en raison du manque de contrôle et de sanctions. Les associations environnementales appellent à une application stricte de la loi afin de réduire drastiquement l'usage des sacs plastiques. "Une législation trop souple ne permet pas de réellement endiguer le problème. Il est urgent d'instaurer un vrai contrôle et une application rigoureuse de la loi pour protéger notre environnement...Les producteurs de sacs en plastique jouent sur les mots en disant que c'est de l'oxo biodégradable, sauf que dans l'oxo biodégradable, il y a du plastique. Aujourd'hui tous les sacs plastiques sont interdits...même ceux dans lesquels on achète des fruits déjà emballés...On n'a pas d'arrêté d'application aujourd'hui malheureusement, pour que cette loi puisse être respectée...Je pense qu'il y a aussi un manque de moyens humains sur le terrain pour verbaliser", constate amèrement Moea Pereyre, co-fondatrice de l’association "Nana sac plastique".
La société Plastiserd existe depuis 28 ans et produit 1 500 tonnes de plastiques par an. Pour son directeur, bannir les couverts, les gobelets ou encore les assiettes en plastique, ne posera pas de problème. Mais, attention pour les autres produits prévient Bruno Bellanger car "les films et barquettes ne sont pas des plastiques à usage unique, ce sont des choses qui s'intègrent dans le conditionnement d'un produit pour pouvoir le conserver et le vendre plus longtemps. Si demain on interdit les barquettes, on sera obligé de manger des produits ultra-frais". Donc à consommer dans les plus brefs délais.
Vers une interdiction progressive
Face à ce constat, les autorités annoncent une nouvelle mesure : une interdiction progressive de l'importation et de la production des sacs plastiques. Ce processus s'étalera sur quatre ans à partir de 2025. Les principaux acteurs du secteur ont été informés de cette évolution depuis 2022 afin de leur laisser le temps de s'adapter.
"Tout ce travail d'information au niveau des producteurs de sachets en plastique qui a été déjà effectué...Ils ont quand même bénéficié de 4 ans...pour s'adapter et proposer d'autres types de marchandises...Nous sommes arrivés à une phase de mise en demeure et même de sanction, et pour autant cela ne doit pas nous empêcher de progresser et d'améliorer...Il restera des exceptions [comme] à l'hôpital pour la stérilisation des produits, des instruments...dans ces cas particuliers il y aura toujours l'utilisation des plastiques", indique la vice-présidente du Pays et ministre de l’Environnement, Eliane Tevahitua.
Alors que les sacs plastiques continuent de dominer nos marchés, l'annonce d'une interdiction progressive représente un espoir pour un avenir plus propre et plus durable.