Satisfaction des délégations calédoniennes après une semaine de discussions à Paris

Archives. Place Beauvau, au ministère de l'Intérieur, octobre 2022.
Les indépendantistes comme les non-indépendantistes de Nouvelle-Calédonie se sont dits "satisfaits" vendredi à l'issue d'une semaine de réunions bilatérales avec le gouvernement à Paris sur le futur statut de l'archipel, avant de nouvelles discussions début juin à Nouméa.

"Nous concluons ce soir dans un esprit serein et satisfait notre semaine ici à Paris. Parce que nous avons été entendus", a déclaré Victor Tutugoro au nom du Front de libération kanak (FLNKS), à la sortie d'un dernier rendez-vous avec le ministre de l'Intérieur et des Outre-mer, Gérald Darmanin.

Le gouvernement a "accepté d'évoquer tous les sujets et ça va faire l'objet de prochaines discussions à Nouméa (...) début juin", a relevé M. Tutugoro. La question d'une réunion trilatérale entre indépendantistes, non-indépendantistes et gouvernement "se posera en son temps", a-t-il ajouté.

La délégation du FLNKS sort du ministère de l'Intérieur, le 14 avril.

Gérald Darmanin "se rendra de nouveau en Nouvelle-Calédonie en juin prochain pour poursuivre les négociations", a confirmé dans un communiqué le ministère de l'Intérieur, saluant "la qualité des échanges" qui se sont déroulés dans un "climat constructif".

Le ministre de l'Intérieur se rendra auparavant en mai à New York pour y évoquer la situation de l'archipel devant le Comité spécial de la décolonisation des Nations unies, a ajouté la place Beauvau.
Les indépendantistes souhaitent le gel du corps électoral mais veulent que le droit à l'autodétermination reste largement ouvert dans le nouveau statut. A l'inverse, les non-indépendantistes ou loyalistes demandent que plus d'habitants de Nouvelle-Calédonie puissent voter mais veulent limiter la possibilité de relancer un processus d'autodétermination.

Discussions à deux et peut-être à trois ?

Les mouvances politiques qui forment la délégation loyaliste se sont félicitées du déplacement de représentants du FLNKS à Paris, alors que le gouvernement tentait de renouer le dialogue depuis le troisième référendum du 12 décembre 2021, mais elles ont insisté sur leur souhait que les prochaines discussions soient tripartites.
"Il ne faudrait pas que ce débriefing" des indépendantistes "se termine par +on ne fait pas de trilatérales+", a commenté auprès de l'AFP Philippe Gomès, représentant de Calédonie ensemble. "Il faut absolument qu'ils fassent mouvement, c'est aussi leur responsabilité à l'égard du pays, à l'égard des leurs", a-t-il ajouté.

Philippe Gomès, représentant de Calédonie ensemble.

"On s'est dit tout ce qu'on avait à se dire à deux. Pour nous maintenant, la prochaine séquence doit se faire en trilatérale", a déclaré Sonia Backès, membre de la délégation des loyalistes.
"Le ministre nous a dit qu'il viendrait en juin en Nouvelle-Calédonie. Ce déplacement n'a du sens que si c'est pour se parler à trois", a ajouté Mme Backès, qui est aussi secrétaire d'Etat à la Citoyenneté.
Pour avancer, "l'Etat pourrait proposer des pistes", a déclaré à l'AFP le député Renaissance Nicolas Metzdorf.

"Le ministre (Gérald Darmanin) nous a clairement dit: +soit je ne fais rien et le temps fera son oeuvre (...), soit je suis un ministre responsable, ça nécessite de prendre des risques et de faire avancer les choses, et je suis sur la deuxième option+", a-t-il rapporté.