Procès des viols de Mazan : en Polynésie en 2010, une autre affaire de soumission chimique

Anxiolytiques
Pendant 4 mois, un retraité comparaît dans le Sud de l'Hexagone, accusé d'avoir drogué sa femme afin de la livrer à des dizaines de violeurs. Une affaire sans précédent qui soulève le problème de la soumission chimique. En 2010 en Polynésie, un infirmier anesthésiste avait été condamné pour des viols sur mineurs, commis sous anesthésie.

La soumission chimique est le fait d'administrer des substances psychoactives, sans le consentement de la personne, dans un but délictueux. Depuis 2018, c'est une circonstance aggravante au viol.

Actuellement dans le sud de l'Hexagone se déroule le procès des viols de Mazan. Le principal accusé, Dominique Pélicot, est poursuivi pour avoir drogué sa femme afin de la livrer à des dizaines de violeurs. Il aurait utilisé de puissants anxiolytiques (Temesta), normalement prescrits pour le traitement des crises d'angoisse.

41 viols et agressions sexuelles avoués

En Polynésie, une affaire similaire avait été jugée en 2010. Philippe Challand, un infirmier anesthésiste de 48 ans au moment du procès, avait été condamné à 20 ans de réclusion criminelle et 10 d'interdiction de séjour sur le sol polynésien pour 11 faits de viols ou agressions sexuelles commis sur des mineurs âgés entre 7 et 14 ans.

L'homme exerçait alors à l'hôpital militaire de Hao (où la population civile était également soignée), comme infirmier anesthésiste. Entre 1993 et 1996, il avait ainsi reconnu avoir violé ou agressé sexuellement 41 enfants, dans la salle de réanimation, alors qu'ils étaient anesthésiés. La plupart était des garçons venus pour une circoncision.

De retour dans l'Hexagone, en mai 2006, son beau-fils avait découvert des cassettes vidéos de l'homme en train de violer les enfants et avait alerté la gendarmerie.

En Polynésie, les gendarmes épaulés d'associations, avaient alors dû identifier les victimes et les informer de ce qu'elles avaient subi car elles n'en avaient aucun souvenir.

Qu'est-ce que la soumission chimique ?

En dehors des médicaments prescrits sur ordonnance, la soumission chimique peut aussi être du GHB, surnommée "la drogue du violeur", plutôt utilisée dans un cadre festif et dissoud dans un verre, dans une boîte de nuit ou un bar.

Toutefois, selon l’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM), les cas de soumission chimique ont majoritairement lieu dans le cadre privé : 42,6 % des cas.

Ces substances entraînent un sommeil profond, des souvenirs très flous voire totalement absents, et, mal administrées, elles peuvent également tuer.

Le personnel soignant comme le grand public sont souvent peu sensibilisés aux symptômes d'une soumission chimique, qui reste alors difficile à détecter et donc à prouver.

Dans une communication scientifique datant de 2010, l'Académie nationale de médecine dresse une liste des signes cliniques d’agression physique avec des indices évocateurs (marques de violence, désordres vestimentaires, perte de chéquier ou de carte bancaire) ; ou des perturbations neuropsychiques (altérations cognitives avec amnésie, modification de la vigilance, troubles du comportement). Fréquemment, la victime agressée « se réveille », confuse, dans un lieu souvent inconnu, parfois sans ses effets personnels.

Un prélèvement sanguin ou urinaire, effectué rapidement, peut permettre d'établir si une substance psychoactive a été administrée.

Certains fabricants ont choisi d'ajouter un colorant ou de renforcer le goût de ces médicaments, afin de les rendre facilement détectables.