Suicide : les témoignages bouleversants d'une mère et d'une jeune femme

Seul au monde.
6 suicides recensés ces dernières semaines, dont de jeunes adolescents. De quoi en alerter plus d'un, dont celles et ceux qui ont perdu un être cher ou ont failli passer à l'acte. Dans cet article, une maman n'a pas vu que son fils allait mal, et une jeune femme décrit le désespoir qui a failli la pousser à agir.

"Quand le parle de lui, j'en pleure, c'est très douloureux de perdre un enfant comme ça". Depuis le suicide de son fils, Tania tente de survivre, mais 4 ans après la douleur est toujours aussi vive. "Je me dis j'aurais dû être là, je n'étais pas là au moment où çà a sonné mon vini parce qu'il nous a envoyé un message, "je t'aime maman", donc c'est ça qui m'a beaucoup fait mal, c'est ça la culpabilité et ça revient toujours en boucle à chaque fois. Je me suis dit comment peux-tu savoir à quel moment il a besoin de toi, parce que c'est quelqu'un qui va te montrer devant toi qu'il va tout bien et à chaque fois quand tu es là il me dit toujours qu'il est bien. Et c'est ça je ne sais pas si c'est un défaut, il faut vraiment que l'on fasse attention. Alors plus il te dit il va bien alors que toi en tant que mère tu sentais qu'il avait des problèmes et je n'ai pas su le détecter, je n'ai pas su le détecter tout ça", se désole encore Tania. 

Pas écouté

Comme Tania, celle que nous appellerons Taimoe, aurait souhaité qu'une personne détecte son mal-être. Cette jeune fille, pleine de vie, a tenté de mettre fin à ses jours il y a 5 mois.  "Quand tu passes à l'acte c'est que tu n'as plus de solution à ton problème, c'est que tu n'es pas entendu, tu n'es pas compris et aussi par rapport aux jugements, aux critiques. On a tendance à s'enfermer, on préfère rester seul, on préfère ne pas en parler. Les amis, on les compte sur les doigts de la main. On en parle à un ami mais pareil, "non ma chérie tu ne vas pas faire ça, tu ne vas pas faire ceci" et bien mine de rien au fait ça ne t'arrête pas. Qu'est-ce que tu fais ? Tu te tais encore plus, là tu es dans le déni total, tellement tu en souffres mais que tes proches ne voient pas quand tu es dans ce pic, tu penses beaucoup à ta famille, et bien ça ne t'arrête pas parce que c'est une délivrance", ressasse encore Taimoe.  

Le reportage de Laina Tetuanui :

Pour lutter contre le mal-être des adolescents, les structures manquent au fenua. Tania a perdu son fils, mais elle se bat aujourd'hui pour que la prévention du suicide devienne une priorité, elle œuvre désormais au sein de l'association SOS Suicide. Tania explique qu'elle a essayé de s'en sortir, "j'ai été à SOS Suicide, j'ai été là-bas on m'a conseillée, j'ai vu des personnes pour pouvoir me relever, discuter et ils essayent de me dire "Aie confiance en toi il faut que tu te reprennes". Et c'est ça qui m'a aidée et j'ai voulu me remettre parce que je sais qu'il y a des solutions partout. Je me suis dit "il faut que je partage ce que j'ai vécu. Il faut chercher un moyen, il faut essayer de voir ces jeunes-là qu'ils viennent nous voir, essayent de chercher un moyen pour que l'on discute de ce cas-là, arrêter le fléau, on ne peut pas arrêter on ne peut pas dire on va pouvoir arrêter mais on peut diminuer".
 
En l'espace de 4 mois, plus d'une dizaine de personnes dont des jeunes adolescents se sont suicidés, il y en a eu 6 ces deux dernières semaines.