La semaine dernière, des pêcheurs de Tahiti ont posté des photos et vidéos de leur pêche sur les réseaux sociaux. On y voit quatre glacières de 100 litres remplies de rougets, envoyées à Tahiti pour être vendues à Vaitupa. Les esprits ont commencé à s'échauffer. Pour les pêcheurs de Raiatea, c'est du "massacre."
"On ne voudrait pas que les pêcheurs de Tahiti viennent vider les lagons de notre île. C'est une ressource importante pour les locaux", s'inquiète Tehina Rota, ancien pêcheur respecté de l’île sacrée et également président du comité Rāhui de Tevaitoa.
Activité lucrative
De leur côté, Johnny Yu-Hing et son coéquipier ne voient pas le mal. Johnny pêche depuis plus de 10 ans. Il réside à Faaa mais il va dans d’autres îles lorsque l’eau est moins poissonneuse à Tahiti ou que la météo est défavorable. "Cela paie les frais (...) et puis on a un petit salaire. On tourne sur Tahiti, c'est juste que l'on fait un peu partout, (...) parce-que la météo n'est pas souvent de notre côté. Si on n'a pas d'argent, on ne vit pas", explique Johnny.
Depuis plusieurs années, il a l'habitude de venir pêcher pendant deux semaines à Raiatea tous les deux ans, en période de carême. Johnny l'affirme : il est dans son droit - "Je ne sais pas pourquoi ils sont comme ça. Je descends une fois tous les deux ans. Je suis là pour deux semaines, je ne vois pas où est le changement. On est que deux personnes dans l'eau ! Ils ne veulent pas. Mais ils ne peuvent pas empêcher."
Légalité VS. réalité
Certes, aucune réglementation ne l'interdit mais pour Tehina Rota, c'est une question de bon sens. "On lui a expliqué que c'était pour lui aussi. Lorsqu'il reviendra pêcher pour le loisir à Raiatea, il sera content de voir que le lagon est toujours poissonneux. Il nous a dit qu'il allait discuter avec ses copains." La mise en place d'un rāhui est en pourparlers à Raiatea.
Les deux parties se sont rencontrées vendredi dernier pour tenter de trouver un accord. Une vingtaine de personnes étaient présentes. Les deux pêcheurs de Tahiti vont poursuivre leur pêche à Tupai.
Quoi qu'il en soit, ce désaccord rappelle surtout que le poisson devient une denrée rare. Et face à ce constat, deux visions s'opposent : celle de ceux qui pêchent pour gagner leur vie, et celle de ceux qui veulent préserver les ressources pour les générations futures.