Madeleine a le moral, malgré sa greffe du foie et celle du rein qu’elle espère. Elle vient régulièrement contrôler l’état de santé de son rein qui a été endommagé par les médicaments anti-rejet, obligatoires après sa 1ère greffe. Aujourd’hui, c’est donc un rein qu’il lui faut : elle est sur la liste d’attente depuis un an. "J'ai peur parce que ce n'est pas ma première intervention. J'ai passé 1 an à Paris, je ne veux plus refaire 1 an à Paris", dit Madeleine Tufaara greffée du foie, en attente de greffe de rein, mais qui a refusé que son fils encore trop jeune lui en donne un.
Avec son amie qui a déjà été greffée deux fois, Madeleine reprend des forces et un peu de courage : le minimum pour supporter l’attente. "J'ai une double greffe, du foie et du rein. Ca fait 10 ans, je revis", déclare tout sourire son amie.
Déjà 10 personnes greffées depuis le début de l’année en Polynésie, plus qu’en 2022. Le diabète, un coût de 10 milliards cfp chaque année. Les médecins militants du don d’organes n’hésitent pas à rappeler que tout le monde est potentiellement ce que l’on appelle "un receveur". "C'est une idée innée qu'on a tous qui est de partir entier comme on est venu en entier. Néanmoins toutes les confessions religieuses du territoire sont complètement adhérentes à ce sujet, et pour elles le don est quelque chose d'aidant et qui permet la solidarité au niveau de la population", souligne Ouarda Krid, coordinatrice du don d’organes.
650 personnes ont des séances de dialyse aujourd’hui en Polynésie parce que leur rein fonctionne mal. 60% d’entre elles à cause d’une mauvaise alimentation et de la sédentarité. Un message de prévention martelé par les médecins, qui rappellent qu’il faut être en bonne santé pour être greffé. "Parce que c'est difficile quand on est diabétique, en surpoids, avec une maladie artérielle de pouvoir prétendre à être greffé. Parce que ça va être plus difficile sur le plan chirurgical, parfois il y a des contre-indications, ou le coeur est trop malade...il faut être en bonne santé pour être greffé", affirme Ronan Delaval, chef du service néphrologie et médecin en charge de la greffe au CHPF.
Actuellement, 113 personnes espèrent chaque jour qu’on les appelle pour leur annoncer qu’elles vont pouvoir bénéficier d’un greffon.
Le reportage de Natacha Szilagyi :