Il a suffit d'une publication sur les réseaux sociaux. Une publication où on y voit la petite famille, sous la pluie, tenant des sacs plastiques qui contiennent toute leur vie. Cette photo a été prise au moment où tout Tahiti était placé en vigilance rouge.
Le couple a deux enfants en bas âge. Catherine se charge de l’entretien du parc Paofai. Elle les voyait tous les jours sur place. Impossible pour elle de fermer les yeux sur le cas de cette famille. "J'ai eu mal au coeur de les voir comme ça chaque matin, avec la pluie, trempés (...) Je me suis dit : il faut que je fasse quelque chose", confie Catherine Anania, technicienne de surface, qui est donc venue en aide à la famille.
Les parents en difficulté cherchent à se faire reloger par les services sociaux, mais la pluie menace. Alors, Catherine les accueille dans sa vieille maison familiale. Elle décide de prendre un photo de la famille et de lancer un appel à la solidarité sur les réseaux sociaux. Entre temps, sa publication touche de plus en plus d’internautes. Elle reçoit beaucoup de dons de la part de grandes enseignes. "Il y a a même un jeune couple qui est venu sur notre chantier, qui m'a déposé du doliprane pour le bébé, des linges chauds, des jouets, du maa", explique Catherine.
La famille est originaire de Moorea. Avant d’atterrir dans la rue, elle a logé chez la famille à Papara, puis dans le centre d’accueil Te Arata pendant trois mois. Ils sont ensuite expulsés pour non respect du règlement intérieur, les services sociaux leur proposent de les reloger séparément. Ils refusent.
À manger, c'était dur, vraiment dur. Mais on a quand même réussi à manger tous les jours grâce aux personnes qui nous croisent et nous donnent à manger. Pour faire dodo, il faut veiller, dès fois il pleut fort et il faut se déplacer. On a fait beaucoup de déplacements
Willy, le papa
Il faut donc se débrouiller, seuls dans la rue. Le plus dur : trouver à manger. "À manger, c'était dur, vraiment dur. Mais on a quand même réussi à manger tous les jours grâce aux personnes qui nous croisent et nous donnent à manger. Pour faire dodo, il faut veiller, dès fois il pleut fort et ça vient la pluie sur toi, il faut se déplacer. On a fait beaucoup de déplacements", confie le père de famille, Willy Farani, 21 ans.
Si le couple et ses enfants ont réussi à se réfugier derrière To'ata pour se protéger de la pluie, sa compagne elle est terrifiée à l'idée de ne plus pouvoir revoir ses enfants. "Ce que j'avais peur est qu'on prenne les enfants. Le fait d'aller dans la rue, on ne met pas nos enfants en sécurité, je crois que si on était resté un peu plus longtemps dans la rue, on aurait pris nos enfants", confie encore émue la mère de famille.
Grâce à Catherine et les internautes, une lueur d’espoir se présente à eux. À la fin du mois de janvier, ils pourront être relogés dans une structure de l’agence immobilière de Polynesie pour une durée de deux ans. Willy va quant a lui démarrer une formation pour être cuisinier le 7 février. En attendant, le vice-président doit le recevoir la semaine prochaine pour une proposition de travail. "Il a besoin surtout d'avoir avec sa femme et ses enfants de quoi vivre. Pour cela, il faut un pécule mensuel. Ce travail va lui permettre aussi d'intégrer un logement que nous allons dégager.", explique Jean-Christophe Buissou ministre du Logement et vice-président.