Le pouls du coût de la vie, c’est à 1 400 km de Tahiti qu’il faut le prendre. Dans les rayons des magasins des Marquises, les prix doublent, voire triplent par rapport à Papeete. "Des fois tu te poses des questions sur comment certains peuvent joindre les deux bouts. Nous, ce qui peut encore nous sauver c'est la cueillette, la pêche, la chasse...c'est ça peut-être qui apporte un petit équilibre à cette inflation que l'on prend de plein fouet, de par notre isolement", déclare une jeune homme marquisien. "C'est aberrant au niveau des prix, c'est-à-dire qu'un kilo de tomates c'est..., vaut mieux acheter du [fromage] Reblochon, ça coûte moins cher, presque ! Après, j'ai une famille de 5 enfants, je n'arrive pas à avoir 3 repas par jour. Honnêtement, je ne peux plus me permettre d'avoir 3 repas par jour !", lance, dépité, un autre jeune homme.
Si à Tahiti le coût de la vie est 35% plus élevé que dans l’Hexagone, cette moyenne augmente dans les archipels…Comme aux Tuamotu. A Rangiroa, transport et intermédiaires contribuent à davantage augmenter les prix. "Tout a tellement augmenté, c'est de la folie même, mais c'est comme ça, on n'y peut rien", dit, fataliste, une dame. "Je fais attention parce que les gens ne sont pas tellement riches, ils n'ont pas de salaires comme tout le monde. Ici, il faut faire le coprah, s'il n'y a pas de coprah, il n'y a pas de sous. S'il n'y a pas de poissons pour avoir des sous, on ne peut pas acheter le ma'a", constate, amère, une commerçante.
L’alimentation et le logement restent les premiers postes de dépenses des ménages.
En août dernier, le CESEC a rendu un rapport sur les inégalités sociales. Parmi les préconisations du Conseil : une refonte des PPN ou encore une TVA immobilière pour freiner les locations saisonnières et permettre aux familles de pouvoir se loger.
Mais pas seulement. "Il y a des logements vacants pour x raisons, et...les 10 000 logements insalubres dont les propriétaires doivent être accompagnés pour leur remise aux normes, afin que des familles puissent y habiter de manière décente, c'est une piste importante", assure Maiana Bambridge rapporteure d'"Une société polynésienne fracturée".
Reste à savoir si ces préconisations seront prises en compte par l’assemblée de Polynésie lors des nouvelles lois fiscales, attendues avec le budget 2025.
Le reportage de Lucile Guichet :