En 2020, 102 femmes -et 23 hommes- ont été tuées par leur conjoint ou leur ex-conjoint en France, dont huit dans les territoires ultramarins, indique un rapport publié le 1er août par le ministère de l’Intérieur. Un chiffre en baisse de 28% à l’échelle nationale, 50% dans les Outre-mer, par rapport à 2019 et dans une année particulière avec deux confinements sur le territoire national.
4 victimes sur 5 sont des femmes
Au total, 82% des victimes sont des femmes. 35% d’entre elles étaient déjà victimes de violences antérieures, physiques et psychologiques.
En Polynésie, 1 500 femmes par an sont victimes de violence intrafamiliale, selon les chiffres donnés par le Président de la République lors de son voyage.
Un chiffre en baisse en Outre-mer
En Outre-mer, la Guadeloupe, la Martinique, la Guyane et la Polynésie française enregistrent deux victimes chacune en 2020. En Polynésie, elles étaient 2 femmes en 2019, 3 femmes et 1 homme en 2018. Le Pays détient toujours l’un des ratios nationaux les plus élevés par rapport au nombre d’habitants.
Des violences plus importantes en Outre-mer
À l’échelle nationale, c’est dans les Outre-mer qu’il y a eu le moins de victimes de violences intraconjugales en France, en 2020. Mais rapporté au nombre d’habitants, ce sont bien les territoires ultramarins qui sont les plus touchés par ces violences. La Guyane se hisse en tête du classement, suivie de près par la Polynésie, la Martinique et la Guadeloupe.
La Guyane compte ainsi deux victimes sur une population totale de 278 000 habitants. La Nouvelle-Aquitaine compte, elle, 15 victimes en 2020, mais pour une population totale de six millions d’habitants. Le ratio est donc plus élevé en Guyane (0.7 en Guyane, 0.2 en Nouvelle-Aquitaine).
En 2018, deux rapporteurs du Conseil économique, social et environnemental (CESE) ont remis un état des lieux inquiétant sur les violences faites aux femmes dans les Outre-mer. Selon Dominique Rivière, co-rapporteur, elles sont “plus fréquentes et plus graves dans les Outre-mer, même s'il existe des différences d'un territoire à l'autre”. Parmi les territoires pointés du doigt : la Nouvelle-Calédonie, la Polynésie et La Réunion. Les rapporteurs alertent également sur le manque de données disponibles pour recenser ces féminicides. “À Mayotte, ces crimes ne sont pas même répertoriés”, dénonce le rapport.
Parmi les raisons évoquées pour expliquer cette situation : la situation économique et sociale, le rôle des Églises, le difficile accès à la “protection publique” et un “seuil de tolérance à la violence plus élevé dans les Outre-mer, qui s'explique en partie par l'histoire coloniale et le passé esclavagiste”.
Un accompagnement renforcé des victimes
L’égalité entre les femmes et les hommes, et avec elle, la lutte contre les violences sexistes et sexuelles, a été nommée Grande Cause du quinquennat par le président Emmanuel Macron. Plusieurs mesures sont portées par le ministère de l’Intérieur dans le cadre du Grenelle de la lutte contre les violences conjugales. Parmi elles : un accompagnement renforcé des victimes. En visite officielle en Polynésie fin juillet, Emmanuel Macron a ainsi annoncé une aide de 83 millions de francs pacifiques pour financer les travaux d'extension du centre d’accueil et d'hébergement pour les femmes en détresse, Pu o te hau. Egalement prévue, l'amélioration des conditions d'accueil des femmes victimes avec la création de 4 postes d'intervenants sociaux en gendarmerie.
En Polynésie, des téléphones "grave danger" sont attribués à des femmes et le Procureur de la République a mis en place une page Facebook consacrée aux violences intrafamiliales.
Ce dimanche 1er août, dans les colonnes du journal Le Parisien, le ministre de l'Intérieur, Gérald Darmanin, a rappelé que consigne a été donnée aux forces de l'ordre d'effectuer systématiquement "un signalement au procureur", l'objectif étant que "100% des constatations se transforment en plainte ou en signalement". Les mains courantes sont à proscrire "définitivement".