Violences homophobes en Polynésie : Karel Luciani interpelle l'Etat

Karel Luciani, président de l'association Cousins Cousines lors de la levée du drapeau LGBT pour la toute première fois à la présidence, le 17 mai 2023.
Dans le cadre de la visite du ministre de l'Intérieur et des Outre-mer Gérald Darmanin prévue la semaine prochaine en Polynésie, le président de l'association Cousins Cousines interpelle l'Etat, dénonçant un manque de considération envers les personnes LGBT.

Des mesures pour lutter contre les violences homophobes, il y en a...encore faudrait-il qu'elles soient vraiment mises en oeuvre. C'est le souhait du président de l'association Cousins Cousines. Car les violences sont bien là et la communauté aussi, mais trop souvent invisibilisés, semble dénoncer Karel Luciani.

Certes "les choses avancent" admet-il. Le 17 mai dernier, date de la journée mondiale contre l’homophobie, la transphobie et la biphobie -également marquée par les 10 ans de la promulgation de la loi sur le Mariage pour tous- le drapeau LGBT a été levé pour la toute première fois de l'histoire à la présidence de la Polynésie, dans un geste fort d'ouverture envers la communauté. "Des progrès sont réalisés, et nous avons aujourd’hui un nouveau gouvernement local qui nous soutient" écrit Karel dans son courrier.

Promesse de référent LGBT 

Mais force est de constater que les violences homophobes persistent dans la rue. Rappelez-vous, en mai dernier, un "raerae" avait reçu un violent coup de pied au visage à la sortie d'un restaurant. La vidéo avait fait le tour de la toile et même fait réagir la gérante des lieux. L'association Cousins Cousines avait accompagné la victime pour porter plainte. Ils auraient dû être reçus par un référent LGBT, dont la présence en gendarmerie et postes de police a été rendue obligatoire en 2018 pour une meilleur prise en charge des personnes LGBT. Une mesure applicable en Polynésie. Mais la réalité est toute autre :

"Nous avions demandé préalablement à être reçu par le référent LGBT. Et la réponse fut négative, qu’il n’y avait pas ou plutôt qu'il n'y avait plus de référent lgbt, et que cela ne servait pas à grand-chose, puisque les agents étaient tous des professionnels et qu'il n'y avait pas besoin d'être référent lgbt, et qu'un dépôt de plainte était un dépôt de plainte. Deux semaines, plus tard, nous avons accompagné une autre personne transgenre, pour raison similaire, à la gendarmerie de Punaauia. Il n'y avait toujours pas de référent lgbt disponible, mais on nous a indiqué qu'il existait bien un référent lgbt au sein de la gendarmerie. Ces mesures ne sont donc pas encore correctement mises en oeuvre en Polynésie. Nous en appelons à votre haute responsabilité pour que soient étendues à la Polynésie française et de manière effective ces mesures annoncées par votre gouvernement" demande Karel Luciani dans sa lettre.

Des souffrances étouffées

Pour le représentant LGBT, il est important de faire appliquer ces mesures pour mieux lutter contre les violences homophobes. Beaucoup de Polynésiens de tout âge souffrent encore en silence. Karel Luciani le sait car il en accueille souvent dans les locaux de l'association. Certains errent, d'autres se prostituent ou prennent parfois des chemins sans retours...

"En Polynésie française, la communauté LGBT a aussi le droit de vivre sans appréhension, sans subir d’agressions homophobes. Ce qu'on constate au sein de notre communauté ici à Tahiti, c'est que beaucoup n'osent pas forcément porter plainte. Il est donc nécessaire et indispensable que notre communauté LGBT du Fenua ait accès à l’ensemble des dispositifs et mesures annoncés par votre gouvernement" souligne l'auteur du courrier.

"Pour notre part, l’association Cousins Cousines de Tahiti continue d’agir pour que l’homosexualité ne soit plus vécue comme une souffrance par qui que ce soit. Il y a encore des ados et des jeunes qui vivent très mal le fait de se découvrir homosexuels. Certains sont même mis à la rue par leur famille quand elle l’apprend. C’est pour tout cela que travailler pour promouvoir la diversité et lutter contre toutes les discriminations dont l’homophobie doit être est un engagement au quotidien de tous et toutes" pointe Karel.

Tenir parole

Tant qu'il verra des personnes LGBT souffrir, Karel poursuivra son combat. " 'Respecter la différence' en participant à la promotion de l’égalité des sexes et de la diversité sexuelle et de genre dans tous les domaines, pour offrir à toutes ces personnes, une société plus accessible et plus inclusive, plus juste et plus respectueuse de la diversité humaine, voici la volonté du Gouvernement Brotherson. Le Gouvernement Brotherson illustre donc définitivement son souhait de construire aujourd’hui une société qui nous ressemble et qui nous rassemble, avec plus de diversité, plus d’inclusion, plus de visibilité pour cette communauté LGBT, avec des orientations différentes." 

Il espère rencontrer le ministre de l'Intérieur à ce sujet, lors de sa venue en Polynésie la semaine prochaine :

"Vous avez annoncé par communiqué au mois d’avril 2023, votre volonté de renforcer la lutte contre les agressions homophobes avec notamment un renforcement des moyens de lutte contre l’homophobie avec notamment l’arrivée de référents LBGT dans les commissariats et brigades.
Dans un article paru dans la presse locale le 17 février 2023, nous avons appris que l’association métropolitaine FLAG! était invitée au haut-commissariat pour sensibiliser les différents corps de métiers de la police et de la justice, aux questions d’homophobie et d’inclusion des communautés LGBT+. Dans le cadre de votre prochain déplacement en Polynésie française, nous sollicitons de votre haute bienveillance un entretien pour connaître l'état d'avancement de la mise en oeuvre en Polynésie française des mesures annoncées par votre gouvernement pour lutter contre les LGBTphobies."

Contact

Association "Cousins Cousines de Tahiti" 
BP 45138 – 98713 Papeete TAHITI PF
Tél. : 89 501 815
Email : cousinscousinestahiti@gmail.com