La « sextorsion », de plus en plus de jeunes polynésiens victimes

La  « sextorsion », une forme de déviance que l’on voit apparaître depuis peu sur le fenua. Un phénomène social qui fait écho ces derniers jours. Il fait suite à la révélation de l’affaire de proxénétisme sur mineurs présumée concernant le motel « Tonton Raymond » à Faa’a.
Le chantage est un crime vieux comme le monde. Les technologies modernes ont contribué à son augmentation, comme pour beaucoup d’autres choses. Les cybercriminels volent de l’argent à leurs victimes de multiples façons. Les méthodes de piratage se servant des SMS et des webcams sont d’une efficacité impitoyable, un crime de type extrêmement personnel, appelé la sextorsion.

La sextorsion, ou le chantage sexuel, consiste à faire chanter une victime en révélant ses informations intimes, si elle ne paye pas son extorqueur. Dans ce monde connecté, qui est l’ère numérique, nos informations peuvent être dévoilées en envoyant des sextos, des photos intimes et même des vidéos. Les escrocs demandent habituellement de l’argent, mais parfois font du chantage sur des choses plus compromettantes lorsque vous refusez de les payer plus.

Les adolescents, premières cibles

La grande majorité des victimes sont des adolescents. Non pas qu’ils soient connus pour être les plus riches de la population démographique, mais les ados sont des victimes idéales pour la sextorsion. L’adolescence est l’époque où on cherche à se faire et à entretenir de nouvelles relations. Une aubaine pour les cybercriminels : beaucoup d’informations censées être protégées, ne le sont pas en réalité. Elles appartiennent à des personnes qui sont émotionnellement vulnérables et facilement humiliées. La majorité sont des femmes, bien que les garçons n’échappent pas à la menace, comme nous l'explique Léa Germain, psychologue de l'association polyvalente d'action judiciaire (APAJ). 

Léa Germain, psychologue de l'association polyvalente d'action judiciaire


En Polynésie, les victimes ont des parcours différents. Mais elles ont un point commun : c’est la façon dont elles perçoivent leur corps, devenu petit à petit un objet.

Léa Germain, psychologue de l'association polyvalente d'action judiciaire


Le nombre de cas de prostitution présumée de mineurs a considérablement augmenté. En 2018, il reste cependant un sujet tabu pour certains services censés aider les victimes, principalement par faute de moyens financiers et techniques.

Comment se protéger ?

Il y a des méthodes simples à adopter pour ne pas tomber dans le piège des maîtres-chanteurs.
- N’acceptez jamais des propositions d’amitié ou des rencontres en ligne de personnes que vous ne connaissez pas,
- n’oubliez pas que toute conversation par webcam peut-être enregistrée, dans cet esprit, ne faites rien qui pourrait vous mettre dans l’embarras,
- toujours désactiver votre webcam quand vous n’êtes pas en discussion ou collez un papier sur l’objectif,
- informer votre entourage sur cette méthode de chantage.

Que dit la loi? 

En ce qui concerne l'acte de chantage, il est réprimé par l'article 312-10 du code pénal et sanctionné de cinq ans d'emprisonnement et plus de 8 millions de francs d'amende. Lorsque l'auteur a mis sa menace à exécution, les peines sont portées à sept ans et l'amende à près de 12 millions de francs.  Les mêmes peines sont également prévues pour la punition de l'extorsion. Ce dernier vise à obtenir, par violence ou contrainte, la remise de fonds.