Syphilis : "un garçon de 14 ans a été abusé et a contracté plusieurs infections"

Le cas de syphilis a doublé en Polynésie depuis 2014. Parfois, des victimes mineures abusées sexuellement ont contracté des infections
Réapparue en 2014, la syphilis a fait depuis de nombreuses victimes. Très contagieuse, cette maladie se transmet par voie sexuelle. Parfois, certains mineurs victimes d'abus sexuels sont infectés. Rencontre avec des professionnels.
" Un enfant en dessous de 15 ans n'est pas censé donner son consentement à un rapport sexuel. Le fait qu'en plus la victime soit contaminée par cette maladie ne fait que rajouter à leur préjudice, leur douleur, leur souffrance". Cécile Moreau connaît bien le problème. Elle est la directrice de l'association d'aide aux victimes. En 2015, 248 procédures de viols et agressions sexuelles sur mineurs ont été enregistrées au bureau du procureur au tribunal de Papeete. Le nombre de victimes mineures est plus élevé que chez les adultes.

Le docteur Lam Nguyen, responsable du centre des maladies infectieuses et tropicales, se souvient d'un cas de syphilis contracté après un abus sexuel. "Un cas qui m'a vraiment beaucoup marqué. Celui d'un garçon de moins de 14 ans qui a été abusé et a contracté deux ou trois infections sexuellement transmissibles. Cela a nécessité un suivi médical pour le guérir de ces infections mais aussi un suivi psychologique."

Sans traces écrites, le suivi est difficile


Cinq patients porteurs du virus du sida ont été nouvellement infectés par la syphilis. Dans leur cas, le risque de contaminer d'autres partenaires est évidemment multiplié. Autre risque :  les pratiques sexuelles avec plusieurs partenaires sur fond de drogue et d'alcool. "Parfois, vous avez des gens qui ont eu des multiples partenaires mais qui ne se souviennent plus. C'est ça le problème : si vous vous souvenez pas avec combien de personnes vous avez des rapports et qui elles sont, il est difficile de faire une enquête de dépistage", explique le docteur Lam Nguyen.

La syphilis n'est pas une maladie à déclaration obligatoire dans les fichiers informatiques. Difficile donc pour les professionnels de santé d'avoir des traces écrites pour soigner leurs enfants. Des données pourtant utiles qui leur permettraient de les aider au mieux.