Au cimetière de l'Uranie à Papeete, on ne compte plus les heures : avec 70 inhumations pour les défunts du covid depuis le 10 août, les fossoyeurs travaillent d'arrache pied pour répondre aux besoins des familles endeuillées. Léonard A-Tchoun explique que pour aujourd'hui "il y en a 4...C'est compliqué, mais on n'y peut rien. Au début, c'était fermé le dimanche. A cause des décès dus au covid, on est obligé d'ouvrir".
"On ne compte plus les heures, la journée, même dans la soirée quand on dort, c'est comme si on est au travail. On dort, on pense au travail", enchérit Mahiti Taiemoearo, lui aussi fossoyeur. "Tant qu'il y aura des personnes à enterrer, ils sont obligés de creuser les trous", ajoute Bernadette, qui vient de perdre un proche. "Aujourd'hui, avec ce qui se passe, on ne peut pas reporter de 2 ou 3 jours. Ce serait encore plus dur pour les travailleurs et les familles".
Avec l’augmentation des décès liés au covid, Alexandre Bernière, gardien du cimetière de l'Uranie, n’a pas d’autre choix que d’ouvrir même le dimanche. "Pour le week-end, on a 2 groupes d'agents. Une équipe est mobilisée, une autre est d'astreinte et peut venir en cas de besoin".
Au cimetière de Saint-Hilaire non plus, pas de repos pour les 3 employés qui travaillent 7 jours /7. En moyenne par an, ils s'occupent de 110 enterrements. Depuis le début du mois d'août, là aussi il y en a déjà eu 70 supplémentaires.
Vatea Heller, chef de service cimetière de Fa'a'a, a bien sûr remarqué la différence. "En août, on a travaillé 7 jours sur 7, de 6h à 18h. Mais quand on voit la douleur des familles, on compatit et on travaille. Nous sommes un service public avant tout, donc le samedi et le dimanche, nous avons aussi ouvert", précise-t-il.
A Saint-Hilaire, il ne reste plus que 30 places. Il faudra donc trouver d’autres solutions si jamais la situation ne s’améliore pas.
Depuis le debut de la crise en Polynésie, déjà 551 décès liés au covid ont été officiellement recensés.