Vaccination : la position des églises

Les religions ont un poids de taille dans la société polynésienne et leurs prises de position sont très suivies par les fidèles. Nous sommes allés à la rencontre des deux principales religions pratiquées, les protestants et les catholiques, pour connaître leur avis sur la vaccination anti-Covid. 

Avant la messe ce dimanche matin, les fidèles catholiques ont déjà un avis sur la question de la vaccination. Et il est partagé. « Les savants savent ce qu’ils font », déclare une fidèle.

« C’est allé trop vite, je préfère attendre le vaccin de Pasteur » dit un autre.

Pas d’argument religieux, mais des avis qui comptent au sein de la communauté. Pour Monseigneur Jean-Pierre Cottenceau, archevêque, c’est avant tout une question d’humanité 

« L’Eglise nous rappelle qu’il ne s’agit pas seulement de préserver notre propre santé, mais de préserver la santé de l’ensemble, car on ne vit pas isolé, chacun sur une île déserte […] L’Eglise encourage fortement à la vaccination car c’est un enjeu de santé publique. […] Ce n’est pas une obligation morale, on respecte les décisions des gens, mais ceux qui refusent doivent se poser en conscience la question ‘comment moi, je vais me protéger ? Comment je vais protéger les autres ?’ […] Et je suis prêt à me faire moi-même vacciner le moment venu pour donner l’exemple, même si je n’ai pas encore 75 ans. »

 

Pour le Président de l’Eglise Protestante Ma’ohi « c’est allé trop vite »       

 

La religion protestante compte environ 38% de la population. Et ce dimanche matin, à Papenoo avant le culte, les fidèles sont plutôt réservés sur la question de la vaccination. « Je ne suis pas pour le vaccin. Je suis déjà assez protégée par Dieu, » déclare une fidèle. « On vient tout juste de l’avoir. Le fait de l’injecter tout de suite, je n’y crois pas encore. Peut-être après les résultats des premiers vaccinés, je changerais d’avis, mais pour le moment, je ne suis pas du tout convaincue, » dit une autre.

Le président de l’Eglise Protestante Ma’ohi, François Pihaatae, insiste sur la liberté individuelle, mais se dit méfiant. « On n’est pas contre les vaccins, mais je crois que c’est allé trop vite. On a besoin d’informations sur le contenu de ce vaccin. Ce n’est pas obligatoire, alors on laisse la liberté à chacun de se faire vacciner. »

En direct dans le journal radio de 7h ce dimanche, il va plus loin : « Il y a des médicaments aussi sur le territoire qui peuvent traiter le Covid. Arrêtez de dire qu’il n’y a pas de traitement. Comme le Zitromax, l’hydroxychloroquine…C’est comme le vaccin : il peut y avoir des effets secondaires. Mais si on avait voulu l’immunisation de notre population, on aurait dû traiter avec ces médicaments existants et le vaccin en plus pour accélérer l’immunité de la population. […] Les vaccins, c’est une question de gros sous. »

La campagne de vaccination doit débuter en Polynésie ce lundi 18 janvier pour les personnes âgées et vulnérables. Elle est gratuite et pas obligatoire.

A ce jour, plus de 39 millions de personnes dans le monde ont reçu au moins une dose de vaccin.

 

Reportage de Lucile Guichet-Tirao et Mirko Vanfau