Tourisme : le sable rose, miroir aux alouettes ?

Le tourisme de masse est un drôle de phénomène. Il suffit parfois de quelques clichés attirants d'un lieu, pour que des centaines de milliers de visiteurs se précipitent pour aller y faire un selfie et voir par eux mêmes la réalité, de ce qui les a attiré instantanément. Ainsi le sable rose...

Tikehau, l’île au sable rose


Ce titre orne un site de tourisme intitulé « au cœur du voyage". On trouve des plages « roses » sur d’autres rivages de Polynésie, mais pour résidents ou visiteurs, Tikehau est bien le lieu, où aller admirer et photographier ce phénomène naturel. Et alors, répondront sans doute les habitants de l’atoll, habitués à fouler ce sable coloré depuis leur tendre enfance. Alors, parfois, un simple déclic de ce type finit par attirer la grande foule. Sans doute pas au Fenua, destination très lointaine et onéreuse, mais ailleurs si, plus près des grands marchés émetteurs du tourisme.
 

Embouteillages à Elafonisi


C’est un lieu désormais référencé systématiquement dans toutes les listes « des 20 plus belles plages du monde ». Nous sommes sur la côte ouest de la Crête, en Grèce. En période estivale, Elafonisi peut attirer plus de 2500 personnes par jour sur une plage de dimension assez réduite. Le parking fait plusieurs hectares. Entassement garanti, cela ne fait sans doute pas très envie, mais la fortune de toute une région qui accueille ces foules qu’il faut loger et nourrir. Et le plus étonnant, c’est que cette plage était relativement méconnue jusqu’à 2010. Il a suffit que le site TripAdvisor la mette en avant, et que des photos spectaculairement « roses » se multiplient sur les portables, et en quelques années, c’est devenu la cohue! Le phénomène du sable rose s’explique facilement, il s’agit de millions de minuscules coquillages de cette couleur, peu à peu brisés par les vagues et les éléments, et qui se métamorphosent en sable de couleur rose. 
touristes à Elafonisi
 

Tahiti tourisme et le sable rose


On n’attire pas les mouches avec du vinaigre, disait-on avant que l’expression ne tombe en désuétude. Si vous tapez, Tahiti tourisme, sable rose, vous verrez que le site de promotion de nos îles a glissé quelques clichés de plages « roses » polynésiennes. Cela n’a certes pas suffit à faire venir la très grande foule, mais comment savoir si certains visiteurs japonais ou américains n’ont pas choisi nos rivages, à cause de ce phénomène? 
Le virus du covid a tué le tourisme de masse, provisoirement sans doute, définitivement espèrent certains amoureux du voyage, sans la foule. Mais ce débat, qui fait rage dans des lieux autrefois surchargés comme Venise par exemple, n‘est pas prêt de concerner notre Fenua et ses 200 000 visiteurs annuels d’avant la crise sanitaire...