Lorsqu’on suit les activités de son association X-Graines, on pense à la version 2.0 de "l’Homme qui plantait des arbres" de Jean Giono. Avec Nicolas Rinck, l’imaginaire n’est jamais bien loin de la science. Lancé en 2019, le collectif travaille en concertation avec les propriétaires fonciers pour appliquer les techniques d’enrobage de graines aux plantes de Nouvelle-Calédonie – notamment endémiques – afin qu’elles regagnent du terrain.
Une enfance passée dans la nature exubérante de Poindimié, et l’ancrage familial à Farino initient l’intérêt précoce de Nicolas pour les problématiques environnementales. Parmi celles et ceux qui ont "balisé le chemin", sa nounou kanak : "c’est elle qui m’a donné les premiers éléments de sens sur la nature, en m’expliquant les plantes et m’emmenant à la pêche… Je commençais à décrypter un peu ce qui se passait autour de moi avec cet accompagnement." Cette initiation conditionnera son cursus universitaire, débuté par une licence de biologie à l’UNC et terminé par un master à Toulouse dans l’aménagement des territoires.
L’infatigable observateur relève également la raréfaction de certaines espèces animales dans leur milieu – petits scorpions noirs, bulimes, roussettes, tortues, qui jadis prospéraient… "Il y a un phénomène qu’on appelle l’amnésie environnementale ; [...] petit à petit dans le temps [l’environnement] s’appauvrit mais on ne s’en rend pas vraiment compte parce qu’on glisse doucement vers un appauvrissement généralisé. Il faut remonter, aller chercher l’histoire ancienne et les photos, voir comment c’était avant", note celui qui s’adonne également à la passion de la photographie.
Un engagement partagé avec son épouse
Cette volonté d’explorer la relation de la société avec son environnement naturel a ainsi débouché sur des projets de livres avec son épouse originaire du Chili (où Nicolas a vécu deux ans), l’artiste Alejandra Rinck Ramirez. La présence dans l’arbre généalogique d’un certain Jean Mariotti, arrière grand-oncle, n’y est pas pour rien…
Encouragé par Alejandra qui signe l’univers visuel, Nicolas adapte en 2017 la Tourterelle et le Corbeau, l’un des "contes de Poindi" de l’écrivain calédonien, à destination d’un public enfant (avant une autre collaboration « scientifico-artistique » sur l’ABC des endémiques de Nouvelle-Calédonie). "Dans les contes de Poindi inspirés de légendes kanak, on voit le degré de créativité ou d’imagination qui part de faits naturels pour se transformer en mythologie. Il existe là un lien très fort entre l’environnement et les hommes qui le vivent."
Convaincu que la société calédonienne est sur une "mine d’or culturelle", et appréciant son caractère cosmopolite, Nicolas Rinck porte un regard confiant sur les défis à venir. "Parce que les gens sont entreprenants ici, débrouillards, et qu’on construit déjà plein de choses ensemble. Donc j’ai tendance à être très optimiste, mais raisonnablement et pragmatiquement !"