Pourquoi tant d’incendies à Pointe-à-Pitre ?

Morne Miquel, un des sites où un incendie a eu lieu à Pointe-à-Pitre, depuis début 2024.
Pourquoi Pointe-à-Pitre brûle aussi souvent ? La question se pose dans la mesure où cinq incendies ont été à déplorer depuis le début de l’année. À chaque fois, des habitations partent en flamme. À chaque fois, le départ de feu survient dans une bâtisse abandonnée, puis gangrène les maisons voisines. Le SDIS et les autorités judiciaires enquêtent, tandis que le maire de la ville a déjà sa petite idée, quant à l’origine de ces sinistres.

Le 25 février à la rue Raspail, le 25 mars à l’angle des rues Jaurès et Lamartine, le 31 mars au morne Miquel, le 22 avril à la rue Albert Prauca et la 5 mai à la rue Peynier ; en moins de trois mois, Pointe-à-Pitre a connu cinq incendies qui, à chaque fois, ont détruit une ou plusieurs habitations.

Après les incendies, qui surviennent à répétition à Pointe-à-Pitre, restent des cendres et beaucoup d'interrogations.

Des incendies criminels ?

Pour le maire de Pointe-à-Pitre, une telle récurrence n’est pas le seul fruit du hasard.

J’ai l’impression que Pointe-à-Pitre est victime d’un acharnement, d’une main criminelle (...). Tous ces départs de feu, ça ne peut pas être accidentel. Au vu de l’ampleur du feu, ça ne peut pas résulter d’un mégot. Donc, il y a une volonté d’une main occulte. Je ne cible personne (...)

Harry Durimel, maire de Pointe-à-Pitre

Harry Durimel, maire de Pointe-à-Pitre ©Christian Danquin - Guadeloupe La 1ère
Pointe-à-Pitre est-elle réellement victime d’un pyromane, voire d’une "main occulte" comme le déclare le maire de la ville ?
Contactée ce matin, la procureure de la République de Pointe-à-Pitre, Caroline Calbo, confirme que chaque incendie a fait l’objet d’une enquête pour en déterminer l’origine. Ces enquêtes, confiées au commissariat, n’ont pour l’heure malheureusement rien donné. Mais les investigations se poursuivent.

Une récurrence explicable

À défaut de trouver le (ou les) auteur(s) de ces sinistres, il reste néanmoins possible d’identifier des facteurs à risques.
C’est le travail de la cellule de Recherches des causes et des circonstances des Incendies (RCCI) du Service départemental d’incendie et de secours (SDIS) de Guadeloupe. Il s’avère que les habitations concernées sont jugées "précaires", par les pompiers.

Difficultés d’accès, vitesse de propagation. On le sait tous : le bois n’est pas la meilleure protection face aux flammes. Et, donc, ces habitats qui sont assez conséquents (des fois des R+2, des R+3 tout en bois), avec des structures qui se touchent, sans isolement, les unes par rapport aux autres, rendent ces habitations particulièrement dangereuses, dès lors qu’un incendie s’y déclare.

Colonel Stéphane Lhomme, directeur départemental adjoint du SDIS 971

Colonel Stéphane Lhomme, directeur départemental adjoint du SDIS 971 ©Eric Stimpfling - Guadeloupe La 1ère
Ces maisons sont donc très souvent squattées, aux dires des riverains.

Une source policière s’interroge même sur la présence possible d’une cuisine à crack, avec des solvants et de l’éthanol, des produits extrêmement inflammables.

Faute partagée ?

Des maisons abandonnées, non défrichées, non entretenues, laissées à la merci des SDF et/ou des toxicomanes, voire des trafiquants de drogue. Vus ces éléments, la responsabilité des propriétaires peut être engagée. 

Ce sont des destins humains qui sont affectés. Dans cette maison d’où est parti le feu, il réside une grande partie de mon enfance, chez Man Vèvè ! Voir la maison de Man Vèvè dans cet état-là, ça me fend le cœur. Il n’y a pas trois semaines, j’alertais les héritiers directs, à leur dire : "Ne laisser pas la maison de Man Vèvè comme ça, partir en poudre !" Hé bé, on m’a dit non, ce n’était pas en état d’abandon manifeste (...).

Harry Durimel, maire de Pointe-à-Pitre

Harry Durimel, maire de Pointe-à-Pitre ©Christian Danquin - Guadeloupe La 1ère

Depuis 2020, la ville a répertorié 147 biens abandonnés, dont 37 ont occasionné une mise en demeure. Seuls quatre propriétaires ont demandé à bénéficier d’un délai supplémentaire, sous le prétexte de projets imminents, ou de difficultés intrafamiliales.

De fait, aujourd’hui, c’est tout Pointe-à-Pitre qui constitue une zone à risque d’incendies.

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