C'est une cryptomonnaie venue tout droit de métropole : la Monnaie libre. Elle compte environ 7 000 membres éparpillés dans plusieurs pays et territoires : Espagne, Etats-Unis, Canada, Chili, Martinique, La Réunion,... et même la Nouvelle-Calédonie. Quelques adhérents du Caillou tentent de convertir d'autres Calédoniens à cette monnaie numérique.
La Monnaie libre, comment ça marche ?
La Monnaie libre a été créée en 2017 par le mathématicien Stéphane Laborde. Au contraire du Bitcoin, aucun investissement n'est nécessaire pour obtenir 1 june, l'unité de monnaie de ce système. Il faut s'inscrire sur un site internet pour ouvrir son compte, en étant certifié par cinq autres junistes. Dès l'adhésion, chaque utilisateur reçoit le même revenu universel au quotidien. "C'est gratifiant. Chacun génère son propre argent uniquement grâce à deux critères : être humain et adhérent. Cela permet de créer sa monnaie en dehors des banques, et donc de la capitalisation. Ce qui diminue les inégalités", explique Alexandre Martinez, adhérent de la Monnaie Libre.
Un site pour acheter en june
Les utilisateurs peuvent dépenser leurs junes pour acheter des biens ou des services, sur un site de type petites annonces. Tout est échangé entre adhérents, c'est ainsi que les vendeurs gagnent plus de junes. "C'est un acte de militant pour plus de solidarité. C'est une sorte de don, mais vendu en Monnaie libre. Chacun fixe son tarif, il n'y a pas d'inflation", détaille Philippe Boudes, membre de la Monnaie libre.
Encore embryonnaire sur le Caillou, très peu de prestations sont proposées sur ce marché en ligne. Mais en métropole des produits impressionnants sont vendus : une voiture, des smartphones, du matériel informatique... Et aussi des aliments. "A Toulouse, j'ai acheté des dizaines de nems en junes à un restaurateur vietnamien. Avec cette monnaie, il s'est fait plaisir en se procurant un vélo, un disque dur externe. Tout en junes...", se rappelle Philippe Boudes.
La june pour aider à boucler ses fins de mois ?
Selon ses membres, la Monnaie Libre permet de gagner du pouvoir d'achat. "En France, des membres s'appuient sur la june pour boucler leurs fins de mois. Un complément de leur revenu en euros", assure Philippe Boudes. Ces monnaies libristes calédoniens, du nom des utilisateurs de la fameuse monnaie, ont déjà mis en place des services, comme René Lou, coach de vie. "On m'a payé en june pour une consultation en relation d'aide. Et avec, j'ai pu acheter du pain fait maison par Alexandre Martinez", sourit le Nouméen.
Les Calédoniens s'y intéresseront ils ? Pour le président de l'UFC-Que Choisir, Gilles Vernier, il faut laisser du temps à cette monnaie numérique pour convaincre. "L'initiative est bonne et vertueuse. Mais je ne pense pas que le public calédonien soit prêt pour accueillir ce type de système. Mais je ne demande qu'à voir".
Les cryptomonnaies ne sont pas encore réglementées
Les cryptomonnaies restent légales aujourd'hui. Même si elles existent depuis plusieurs années, peu de réflexions juridiques ont été présentées à l'Assemblée nationale sur le sujet. "En droit français, les cryptomonnaies n’ont pas de statut juridique clair et ne sont pas reconnues comme des instruments financiers. De ce fait, les cryptomonnaies ne sont pour l'heure pas réglementées," atteste le gouvernement français sur son site internet. Si l'Autorité des marchés financiers (AMF) alerte les utilisateurs sur les potentiels dangers d'un investissement en cryptoactif, la Monnaie libre ne nécessite aucun paiement.
De leur côté, les quelques adhérents de la Monnaie libre espèrent bien s'étendre sur le Caillou. Afin, selon eux, de créer "une communauté plus solidaire au pays".