Rencontre avec Louis Lagarde, directeur de publication de l'ouvrage "Patrimoine de la Nouvelle-Calédonie"

Louis Lagarde est le directeur de publication de l'ouvrage "Patrimoine de Nouvelle-Calédonie" à paraître ce 18 avril 2024.
Le maître de conférence en archéologie océanienne présente un ouvrage surprenant sur la diversité du patrimoine de la Nouvelle-Calédonie, à travers 1500 photographies et une série d'articles rédigés par une quarantaine d'auteurs. Lancement officiel, ce 17 avril.

C'est au château Hagen, haut-lieu du patrimoine calédonien, à Nouméa, que Karine Arroyo retrouve Louis Largarde en amont du lancement. Le spécialiste des sociétés anciennes et des transformations de la culture matérielle publie un ouvrage de 600 pages sur l'histoire, les lieux, les objets ou encore les chefs-d’œuvre de l'architecture qui font la fierté des Calédoniens. Son nom, Patrimoine de Nouvelle-Calédonie, avec les éditions Hervé Chopin.


NC la 1ère : Vous avez collaboré avec de nombreux auteurs, sur cet ouvrage qui rassemble une centaine d'articles et plus de 300 notices spécialisées, couvrant l'ensemble du pays. Les sessions de "brainstorming"ont-elles été difficiles ? 
Louis Lagarde : Pas tant que ça. La proposition de ce livre était un ouvrage sur le patrimoine de la Nouvelle-Calédonie. On peut penser que c'est compliqué, mais on a réuni une quarantaine d'auteurs. On a établi une structure de l'ouvrage qui, je pense, est un peu innovante.

Car il n'y a pas de chronologie ! Est-ce pour surprendre le lecteur ? 
L.L. : Oui, on a choisi de ne pas faire un ouvrage qui commencerait au premier peuplement pour s'arrêter aux années 70 ou 80. Bien sûr, qu'on parle du Lapita, et des constructions récentes, du monde kanak, des maisons, de l'architecture, etc, qui ont à voir avec le patrimoine. Mais on a essayé de les imbriquer à travers le prisme des actions humaines. Se vêtir, se loger, faire la guerre, se défendre, se battre, surveiller, punir, gouverner, administrer, naître, mourir, etc.

La nature est omniprésente dans cet ouvrage. Pour quelle raison ? 

L.L. : Ce n'est pas un ouvrage sur le patrimoine naturel à proprement parler. Mais tout ce qui est naturel et a un lien a l'être humain, c'est-à-dire les paysages sacrés, les sites qui ont une charge patrimoniale importante, ont été intégrés à l'ouvrage. C'est un des exemples de transversalité nature/culture qui sont dans cet ouvrage.

Comment avez-vous réussi à convaincre des mécènes de financer ce livre ? 

L.L : En réalité, c'est plutôt eux qui m'ont convaincu ! Une mission décidée par la fondation Clément est venue en Nouvelle-Calédonie en 2018. Ils ont rencontré un certain nombre d'acteurs du patrimoine. Et à l'issue de ce voyage où ils ont proposé la création d'un ouvrage de ce genre - qu'ils savent déjà très bien faire, car ils l'ont fait ailleurs - ils m'ont proposé la direction de la publication.

Les photos du livre sont-elles récentes ?

L.L. : Oui, elles sont liées à un reportage photographique qui a eu lieu en 2019 et 2020, dans le cadre de la genèse de cet ouvrage. Les documents plus anciens sont très précieux. Il y a 120 photographies qui viennent du fond des archives de la Nouvelle-Calédonie et qui complémentent l'ouvrage avec ces belles vues anciennes qu'on connaît. Certains clichés, issus de collections anciennes, sont, néanmoins, méconnus. 

C'est l'intérêt de cet état des lieux exhaustif...

L.L. : Oui, il y a des patrimoines méconnus qu'on a tenu à faire figurer dans cet ouvrage. Par exemple, l'architecture béton récente, des années 60-70, que beaucoup de gens n'aiment pas trop mais qui, en réalité, a beaucoup d'intérêt. C'est le cas des lieux sacrés. C'est le cas, aussi, d'objets plus petits, des tableaux, du mobilier, des meubles, des objets fabriqués par le bagne, qui sont connus des Calédoniens mais en réalité méritent leur place dans une publication comme celle-là, sur le patrimoine du pays. 


Ce livre sera disponible en librairie à partir du 18 avril 2024, au prix de 3 000 francs. C'est étonnant, compte tenu de l'épaisseur du volume ! 

L.L. : C'est une des conditions de la fondation Clément, qui tient à ce que les ouvrages qu'elle édite soient les plus abordables possibles pour les populations. Parce que cela les concerne directement.