Depuis le passage du cyclone Belal mi-janvier, les consommateurs réunionnais la craignaient : la hausse des prix des légumes sur les marchés, un mois et demi plus tard, est maintenant bel et bien là.
Avant le début de cet épisode climatique, les agriculteurs avaient anticipé et récolté le maximum de leurs productions. Un stock qui s'était écoulé les semaines après Belal, à des prix encore raisonnables. Désormais, il faut attendre que les cultures repoussent.
Ainsi, une grande partie des légumes, dont les courgettes, piments, tomates, chouchous... ont vu leur tarif exploser depuis une quinzaine de jours.
Faibles volumes, prix élevés
Sur le marché de gros de Saint-Pierre, ce mercredi, les nouvelles ne sont guères meilleures. Ici, deux fois par semaine, une grande partie de la production locale se négocie. Et les prix actuels sont la conséquence du faible volume des productions, signifie Jean-Max Payet, le directeur du marché de gros de Saint-Pierre. Par exemple, lundi, à peine 500kgs de chouchous sont arrivés sur le marché, contre "facilement 10 tonnes" habituellement.
Selon lui, les nouvelles ne sont bonnes pour personne cette semaine.
"Les prix vont encore flamber puisqu'on est en manque de volume. Les agriculteurs sont également en perte, puisque les prix ne compenseront pas le manque de volume".
Jean-Max Payet, directeur du marché de gros de Saint-Pierre
Pas d'effet d'aubaine
Le kilo de tomates lui, atteint les 10 euros chez les maraîchers. Selon Jean-Max Payet, un tel tarif ne résulte pas d'un effet d'aubaine ni de la part des bazardiers, ni des primeurs, ou autres commerces, puisque ce kilo de tomates se négocie entre 7 et 8 euros du kilo sur le marché de gros de Saint-Pierre. Il faut dire que ce produit connaît une forte tension en ce moment.
Un retour à la normale "fin mai, début juin"
La salade elle, "revient un peu", mais timidement, puisque certains agriculteurs sont frileux à l'idée de replanter et de subir dans la foulée un nouveau phénomène pluvieux qui réduirait leurs efforts à néant.
Le directeur du marché de gros est plutôt pessimiste quant à un retour à la normale des prix des fruits et légumes. Ce sera "entre fin mai et début juin", estime Jean-Max Payet.
"Là aujourd'hui, il y a un cycle qui prend du temps : la pomme de terre en culture, c'est la même chose pour les carottes"
Jean-Max Payet, directeur du marché de gros de Saint-Pierre
Des alternatives trouvées dans les restaurants
Dans ces conditions, les consommateurs s'adaptent. Les restaurateurs notamment, doivent trouver des alternatives aux légumes rares et chers, pour ne pas voir exploser leurs coûts de revient.
Jérôme, restaurateur à Saint-Pierre, a par exemple supprimé pour l'instant la salade italienne et la salade César, au profit du taboulé par exemple. Dans les assiettes, à la place de la tomate et de la salade, ce sont désormais du melon ou de la pastèque, "accessibles même si toujours plus chers que d'habitude". "Notre marge personnelle pour la vente d'un plat a chuté de 10 à 15%", constate-t-il.
Un autre restaurateur, au Café des Délices à Saint-Pierre, attend plutôt que l'orage passe : "on fait le dos rond et on essaie de pas impacter ça sur nos clients".