Après trois jours de procès, la cour d’Assises a condamné le ti père d’Elianna à 20 ans de réclusion criminelle et a acquitté la mère de l’enfant, mercredi 5 mai. Ce verdict révolte les familles. De nombreuses questions restent sans réponse.
Après trois jours de procès, la Cour d’Assises de Saint-Denis a reconnu le ti père, Cédric Babas, coupable de violences volontaires ayant entraîné sans attention de la donner.
Le ti père coupable et la mère acquittée
Mercredi 5 mai, le ti père d’Elianna a été condamné à 20 ans de réclusion criminelle assortis d'une peine de sûreté des deux tiers, pour la mort de la fillette en mars 2018. En revanche, la cour a blanchi Pascaline Guilgori. La mère de la fillette a été acquittée à la surprise générale.
Cette décision a provoqué les foudres des familles. Cédric Babas a l'intention de faire appel de la décision. L’homme a toujours clamé son innocence.
Selon les médecins légistes entendus lundi, au premier jour du procès, Elianna est décédée des suites d’un coup violent, semblable à un coup de pied. Mais le procès n’a pas permis de déterminer qui avait porté ce coup.
Sans réponse aux questions, un difficile travail de deuil
Hier, Pascale Guilgori est ressortie libre de l’audience, face à la colère de la famille du père d’Elianna qui s’était donné la mort en apprenant le décès de sa fillette en 2018.
Après trois jours d’audience, la famille d’Elianna devra faire son deuil sans connaître la vérité. Pas d’aveu et aucune précision sur les circonstances du drame. C’est un difficile travail de deuil qui s’engage. "Le procès a un début, un milieu et une fin, mais le deuil n'a pas de fin et le manque sera toujours présent", explique Frédéric Rousset, psychologue au Cevif.
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Des dysfonctionnent des services sociaux ?
L'affaire Elianna est un dossier complexe, où les responsabilités semblent diffuses, selon les arguments des nombreuses parties civiles.
Au fil des plaidoiries, les services sociaux ont été accusés de ne pas avoir protégé les enfants de cette famille. Elianna et son petit frère étaient suivis par une éducatrice spécialisée. Ils faisaient l'objet d'une procédure de placement, mais la démarche n’a pas été suivie d’effet. Pourtant, cinq signalements avaient été effectués.
Comment expliquer ce que certains considèrent comme un dysfonctionnement ? Invitée de Réunion La 1ère, Claris Calteau, la directrice « Enfance Famille » du Département refuse de commenter l’affaire Elianna. 4 000 à 5.000 signalements de maltraitance sont enregistrés chaque année à La Réunion et 700 éducateurs accompagnent les familles en difficultés. "Au premier signalement, quand il y a une information préoccupante, il faut la traiter le jour même et protéger l’enfant", assure Claris Calteau.
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La faute de l’Etat ?
Pour Me Alex Vardin, avocat d'une des parties civiles, l’affaire ne peut pas en rester là. Il a chargé Maître Lebreton d’engager deux procédures. L’une devant le tribunal administratif pour "carence fautive de l’Etat". "Il y a eu des signalements, des informations préoccupantes et l’Etat n’a pas été à la hauteur", assure Maître Lebreton qui affirme que "le département a fait ce qu’il fallait de son côté".
Il estime aussi qu’il y a eu "un défaut d’appréciation de la gravité de la fragilité de la mère". Maître Lebreton va engager une autre procédure au pénal pour "non-assistance à personne en danger". Selon lui, "la maman d’Elianna est addicte à des comportements douteux et est en liberté".
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