Depuis le vendredi 13 octobre et l’attaque terroriste au couteau qui a coûté la vie à Dominique Bernard, un professeur de français, à Arras, la France est passée en alerte "urgence attentat". Le meurtrier présumé est un extrémiste musulman russe qui était déjà fiché S et qui avait failli être renvoyé dans son pays en 2014.
Le plan Vigipirate est donc à son niveau le plus élevé et la question du suivi de ces personnes radicalisées surveillées par les autorités fait ainsi à nouveau débat et d'autant plus, suite à cet autre attentat qui a fait deux morts, la nuit dernière, à Bruxelles.
"La crainte première pour nous, c'est le loup solitaire..."
A La Réunion, comme dans l’Hexagone, en plus de renforcer les contrôles autour des lieux de culte, des écoles et des autres bâtiments publics, les forces de l'ordre accentuent la surveillance à tous les niveaux.
"La crainte première pour nous, c'est le loup solitaire qui se radicalise tout seul chez lui et qui va commettre un acte dramatique", réagit Mickaël Hoareau, le secrétaire départemental UNSA Police. La Réunion est aujourd'hui à un niveau bas de risque par rapport à l'Hexagone, mais ce n'est pas pour autant qu'on ne doit pas rester vigilant".
Une soixantaine de fichés S à La Réunion, une dizaine radicalisés
A La Réunion, les fichés S étaient au nombre de 142 en 2017 et aujourd'hui, ils seraient une soixantaine, selon Mickaël Hoarau. Mais comme le rappelle le policier syndicaliste, les fichés S englobent des profils variés ne relevant pas systématiquement du risque terroriste.
"Ca va des individus radicalisés aux personnes violentes lors de manifestations ou de rencontres sportives", explique Mickaël Hoarau. Peu connue avant les attentats de novembre 2015, la fiche "S", pour "sûreté de l’Etat", est désormais régulièrement évoquée après une attaque terroriste. Et selon la préfecture, à ce jour, une dizaine de personnes seraient fichées S, in fine, dans le cadre de la radicalisation islamiste à la Réunion (2023).
Niveau de sécurité élevé
Les personnes fichées S à La Réunion ne sont donc pas toutes forcément radicalisées. Reste qu'elles font bel et bien l'objet d'un suivi appuyé dans ce contexte de plan "Vigipirate : urgence attentat".
Les conséquences de ce dispositif particulier de sécurité sont d'ailleurs déjà visibles aux quatre coins de l'île. Dans le centre-ville de Saint-Denis, par exemple, le logo correspondant à ce niveau extrême d'alerte est désormais affiché sur les murs de la mosquée.
Regardez le reportage de Réunion La 1ère :
"Ne pas sombrer dans la panique"
Mais sur place, les responsables assurent que le retour de ce niveau d'alerte ne bouscule pas le dispositif déjà en place. "Il ne faut pas sombrer dans la panique, nous restons toujours vigilants comme d'habitude", indique Fezlé Ibrahim, le président de la mosquée AISD-Saint-Denis.
"S'il y a des gens qui ont des comportements bizarres nous ferons le signalement à qui de droit. Nous travaillons en bonne coordination avec les services de police au moindre problème", poursuit-il.
600 policiers mobilisés dans toute l'île
Avec le plan "Vigipirate : urgence attentat", une centaine d'agents supplémentaires sont mobilisés dans les quatre communes de l'île se trouvant en zone police. Ce sont ainsi environ 600 policiers qui sont désormais mobilisés chaque jour à La Réunion.
Les effectifs de police avaient déjà été renforcés le week-end dernier pour l'ordination du nouvel évêque de La Réunion Pascal Chane-Teng.
Dispositif renforcé pour le Grand Raid
"Sur les lieux de culte, il y aura des patrouilles dynamiques, voire même un peu plus prononcées au niveau des synagogues", confirme Idris Rangassamy, le secrétaire départemental d'Alliance Police nationale.
"Pareil pour les établissements scolaires. Des personnels en civil ou en tenue patrouilleront régulièrement afin d'assurer la sécurité des concitoyens". Le dispositif de sécurité des forces de l'ordre sera également renforcé pour le Grand Raid, dont le départ sera donné ce jeudi 19 octobre.