Après la loi Lurel en Outre-mer, vers l'élargissement de la taxe soda à d'autres produits ?

La taxe sur les sodas date de 2012
Bonbons, sirop, céréales,... La Cour des comptes souhaite élargir l'application de la "taxe soda" à d'autres produits sucrés dans le cadre de la lutte contre l'obésité. A La Réunion, où la loi Lurel semble respectée et où 40% de la population est en surcharge pondérale, l'idée ne semble pas vraiment séduire.

Si les sodas cristallisent les polémiques sur la trop grande présence de sucre dans notre consommation de tous les jours, d'autres produits posent eux aussi problème parce qu'ils sont tout aussi sucrés, voire parfois même plus.

La Cour des comptes vient ainsi d'émettre l'idée d'élargir la taxe sur les sodas à d'autres produits sucrés tels que les bonbons, les sirops ou encore les céréales. Mais dans le parking d'une grande surface du Sud de l'île, les consommateurs interrogés sont pour le moins dubitatifs.

Le reportage de Réunion La 1ère :

Et si, en plus des sodas, on taxait aussi les bonbons, les céréales et les autres produits sucrés ? La proposition de la Cour des comptes fait réagir

"Ah non ! La vie lé assez chère !"

"Mi vois pas l'utilité de faire augmenter encore les produits, si c'est trop cher, nous gagnera pu acheter ! C'est pas ça la solution !", réagit une mère de famille. "Ah non ! La vie la fine arrive assez chère et si y commence taxe tout', même les bonbons, on s'en sortira plus", lance un autre client.

Mais la taxe soda, qui a été proposée en 2012 par le gouvernement Fillon, vise justement "à dissuader le consommateur et à l'orienter vers d'autres types" de produits moins sucrés afin de lutter contre les maladies causées par une trop grande consommation de sucre.

Les précisions de notre journaliste Jean-Marc Collienne sur Réunion La 1ère :

Taxe Soda et obésité à La Réunion : le point avec Jean-Marc Collienne

Le porte-monnaie avant la santé ?

Dans une île où 40% de la population est en surchage pondérale et 16% en situation d'obésité, les consommateurs sont bien conscients des efforts qu'il reste encore à faire en la matière, mais c'est d'abord à leurs porte-monnaies qu'ils pensent.

Et pourquoi ne pas demander aux industriels de mettre moins de sucre dans leurs produits ? C'est la question qui revient sur toutes les lèvres lorsqu'est évoqué ce possible élargissement de la taxe soda.

Et si les bonbons, sirops et autres céréales étaient taxés au même titre que les sodas ?

Le mal du diabète à La Réunion

Reste que le surpoids et l’obésité sont parmi les principaux facteurs à risque pour le diabète, un mal qui touche 10% de la population à la Réunion. On compte même deux fois plus de prises en charge pour des cas de diabète à la Réunion, par rapport à l’Hexagone.

Pour Ruth Payet, une nutritionniste qui ne mâche pas ses mots, il ne fait pas de doute que les industriels incitent la population à consommer davantage de sucre. Le sucre qui fonctionne comme une drogue pour notre organisme. "Plus on consomme du sucre, plus notre corps en demande", résume la spécialiste.

Une loi Lurel qui a changé la donne en Outre-mer 

A La Réunion, tout comme dans le reste des Outre-mer, il existe un dispositif particulier qui vise les produits sucrés, parallèlement à la taxe soda.

Il s'agit de la loi Lurel, qui a été promulguée en 2013, et qui a imposé à ce que la quantité de sucres ajoutés dans les produits vendus dans les territoires ultramarins ne soit pas supérieure à celle des produits mis sur le marché dans l’Hexagone.

Des produits auparavant deux fois plus sucrés

Car avant l'instauration de cette loi, les taux de sucre dans les yaourts, sodas et autres produits manufacturés à La Réunion, ou aux Antilles, étaient de 27 à 50% plus élevés.

La loi Lurel est venue rééquilibrer la donne et selon une enquête lancée en 2019 par la Direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes (DGCCRF), celle-ci serait globalement respectée.

A l’époque, 50 produits présents à la fois dans les territoires ultramarins et dans l’Hexagone avaient été testés et un seul soda s’était révélé non conforme, en Guyane.