Sodas : la loi limitant l'excès de sucre dans les produits vendus en Outre-mer est "globalement bien respectée"

Lancée en 2019 et retardée par la crise sanitaire, l’enquête menée par la Direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes (DGCCRF) a rendu ses conclusions vendredi. La loi Lurel est dans son ensemble respectée.

Depuis la promulgation de la loi Lurel en 2013, la quantité de sucres ajoutés dans les produits vendus dans les territoires ultramarins ne doit pas être supérieure à celle des produits mis sur le marché dans l’Hexagone. Une loi qui s’applique aussi sur les produits propres aux DROM. Pour vérifier que les dispositions de la loi soient respectées, "la DGCCRF a réalisé une enquête sur les boissons rafraîchissantes sans alcool ne contenant pas de jus de fruits (sodas, boissons énergisantes). Il s’agit en effet de boissons généralement très caloriques, pauvres en nutriments essentiels (vitamines et minéraux) et dont il est attesté que la consommation contribue de manière importante à l’apport de sucres dans l’alimentation", détaille un agent de la DGCCRF lors d’une audio-conférence.

Ainsi, les services de cet organe de l’État ont mené une enquête en Martinique, en Guadeloupe, en Guyane, à Mayotte et à la Réunion, où 28 établissements ont été contrôlés. Pour réaliser cette entreprise, les déclarations nutritionnelles figurants sur les produits métropolitains visés ont été rassemblées afin de les comparer avec les mêmes produits ultramarins. L’objectif principal étant de "contrôler l’application de l’article L 3232-5 du code de santé publique", précise la DGCCRF. Après divers contrôles, les résultats ont donc été livrés.

Réunion La 1ère avait mené son enquête en septembre 2021 :

Loi Lurel : les industriels ne jouent pas le jeu

La loi Lurel bien respectée

Dans le rayon des boissons rafraîchissantes, le taux de non-conformité est très faible. Sur environ 50 références de produits présents à la fois dans l’Hexagone et à la fois dans les DROM, seul un soda est non conforme à la loi. Ce dernier, commercialisé en Guyane et importé de Tunisie, a fait l’objet d’un rappel au fabricant de la part des services de l’État.

De même, sur les produits propres au marché ultramarin, 13 boissons ont été examinées et "seule une boisson énergisante commercialisée à Mayotte se révèle non conforme", souligne dans cette audio-conférence la DGCCRF. Il faut ajouter à cela deux boissons en vente en Guyane qui font l’objet de recherches approfondies suite à des suspicions de teneurs en sucre trop élevées. In fine, dans un communiqué, la DGCCRF conclut que "seule une fraction très minime de références-produits a une teneur en sucre supérieure à la teneur la plus élevée dans la famille de produits dans l’Hexagone".

De véritables problèmes de santé dans les Outre-mer

Les résultats de cette enquête sont donc loin des craintes qu’avaient pu soulever un article paru dans le Canard enchaîné le 25 août dernier. Intitulé "Tout sucre", le papier accusait la DGCCRF de retarder la publication des résultats de ladite enquête. Cela avait provoqué un tollé chez Victorin Lurel et Hélène Vainqueur, à l’origine de la loi Lurel. Les deux parlementaires Guadeloupéens avaient demandé au ministre de l’Économie Bruno le Maire de "rendre immédiatement public ce rapport afin de mieux contrôler l’application de (la) loi et mettre fin à ces pratiques industrielles trompeuses et dangereuses". La DGCCRF avait démenti les accusations de l’hebdomadaire satirique, arguant que le retard était dû à la crise du Covid. Aujourd’hui, les résultats de l’enquête montrent que la loi est dans l’ensemble respectée. Néanmoins, les problèmes de santé liés à la surconsommation de sucre dans les Outre-mer sont bien présents.

En 2019, l’Institut de recherche pour le développement (IRD) avait publié un rapport sur l’alimentation et la nutrition dans les Outre-mer, commandé par la Direction générale de la santé. Les résultats étaient accablants. Ainsi, le diabète touche 14 % des Réunionnais, 11 % des Guadeloupéens et 10 % des Martiniquais, contre une moyenne nationale à 5 %.

En ce qui concerne l’obésité, les résultats sont alarmants, puisqu’en Martinique par exemple, 33 % des femmes adultes et 21 % des hommes adultes sont en situation d’obésité. Des résultats équivalents en Guadeloupe et en Guyane, mais qui explose pour les femmes adultes à Mayotte, où ce chiffre atteint 47 %. Des comorbidités qui sont des facteurs aggravants avec le virus du COVID-19.