La Réunion progresse en matière de production d’énergie propre. Pour la première fois, l'année dernière, les énergies renouvelables ont dépassé les énergies fossiles dans la production d’électricité. C’est ce que révèle l'Agence régionale de l'énergie et du climat, Energies Réunion, dans son bilan annuel. Face à cela, La Réunion reste encore trop dépendante aux ressources énergétiques importées.
Les énergies renouvelables sont majoritaires
Le mix énergétique a franchi un cap en 2023, avec une part majoritaire de 56,6% d’énergies renouvelables, favorisée par la conversion des centrales historiques de Bois-Rouge et de Port-Est à des ressources renouvelables importées, comme c'est le cas pour le biodiesel et les pellets de bois.
Ainsi, la part des énergies renouvelables importées s'élève à 26,7% et la part des énergies renouvelables locales est de 29,9%.
Cette conversion d’énergies a un impact par rapport à la production d’électricité, avec 56,6% d’énergies renouvelables dans le mix électrique. On a un mix électrique qui est moins carboné et qui permet d’atteindre les objectifs fixés au niveau national.
Gaëlle Gilboire, cheffe de service à la SPL Énergies
Pourtant, atteindre l’autonomie énergétique reste un challenge pour La Réunion, puisque le taux de dépendance aux ressources énergétiques importées atteint 88,6 % en 2023. Cette tendance à la hausse s'amorce depuis 2015, et ce, en raison de l’importation de nouvelles ressources renouvelables. Cette dépendance s'explique notamment par une chute de 38% de la production hydraulique.
Le transport, une réduction insuffisante de l'énergie fossile
Concernant le transport routier, l'objectif fixé par la Programmation Pluriannuelle de l'Energie (PPE) de réduire de 10% la consommation d'énergie fossile n'a pas été atteint 2023, par rapport à la consommation de 2018, selon des données du bilan énergétique.
La consommation de gazole diminue, alors que celle de l'essence augmente, portée par la hausse des véhicules hybrides non rechargeables, qui représentent 5% du parc automobile à La Réunion.
La Réunion continue donc sa progression vers un parc de véhicules moins carboné, mais l'effort doit être poursuivi sur tous les types de véhicules pour répondre aux objectifs fixés par la PPE. Pour cela, "il nous faut à tout prix des bornes électriques", martèle Jean-Pierre Chabriat, conseiller régional en charge de la transition énergétique.
"Promouvoir les véhicules électriques"
Concernant la mobilité électrique, 2023 a été "une année charnière", informe l'Agence régionale de l'énergie et du climat dans le rapport de son bilan énergétique.
"Le prévisionnel de la PPE, fixé à 10 600 véhicules électriques en circulation, a été dépassé avec un parc comptant 11 342 véhicules", souligne la SPL Énergies, d'autant plus qu'en 2023, 13% des achats des véhicules particuliers neufs sont des véhicules électriques, une statistique qui acte une certaine dynamique pour les années à venir, d'où l'intérêt de "mettre plus de bornes électriques à La Réunion".
L’objectif principal est de promouvoir les véhicules électriques pour éviter les émissions de gaz à effet de serre. Et, si on veut promouvoir les véhicules électriques, alors il faut sécuriser l’usage du parc électrique réunionnais. C’est la raison pour laquelle nous demandons de mettre en œuvre un corridor de bornes de recharges rapides sur les axes principaux de circulation de La Réunion. On pense à l’axe littoral, mais aussi sur la RN3 qui relie Saint-Benoît à Saint-Pierre, via la Plaine-des-Palmistes et la Plaine-des-Cafres, mais aussi en bout de ligne, c’est-à-dire au niveau de Cilaos et de Salazie.
Jean-Pierre Chabriat, conseiller régional en charge de la transition énergétique
Le Réunionnais, un consommateur d'électricité responsable
De manière générale, selon Gaëlle Gilboire de la SPL Énergies, "le Réunionnais fait beaucoup plus attention à sa consommation d’électricité".
Le fait d’éteindre les lumières, d’avoir un chauffe-eau solaire, des brasseurs d’air et des ampoules à basse consommation, ça aide à réduire la consommation d’électricité. On pense que la hausse tarifaire a aussi contribué à cette diminution d’utilisation de l’électricité.
Gaëlle Gilboire, cheffe de service à la SPL Énergies
"Il faut continuer dans cette direction afin d'atteindre les 100% d'énergies renouvelables d'ici la fin de l'année", affirme la cheffe de service.
Vers 100% d'énergies renouvelables d'ici fin 2024
Les énergies fossiles, entre autres, fioul, gazole et charbon, qui, jusqu’ici faisaient tourner les centrales thermiques de l’île ne représentent plus que 43% des énergies. La transition énergétique de l’île est, cette fois, bien réelle.
En 2023, 57% de la production d’électricité est d’origine renouvelable, selon un bilan énergétique dressé par EDF Réunion en mars dernier. Les perspectives de 2024 pour EDF 2024 sont de tendre “vers 100% d’énergies renouvelables cette année", a précisé Dominique Charzat, le directeur régional d’EDF.
La transition énergétique suit son cours. C'est ce que confirme la SPL Énergies. "On aura moins d’émissions de gaz à effet de serre et une meilleure qualité de l’air", assure Gaëlle Gilboire.
Par rapport aux coûts économiques et aux importations, on part vers un mix électrique 100% renouvelable d’ici la fin de l’année.
Gaëlle Gilboire, cheffe de service, SPL Énergies
Regardez le décryptage de Jean-Marc Collienne sur Réunion La 1ère :
Vers l'autonomie énergétique de La Réunion en 2050 ?
La Réunion devrait atteindre son autonomie énergétique "aux alentours de 2050", d'après Jean-Pierre Chabriat. Un travail de longue haleine, qui nécessite encore une bonne dizaine voire une quinzaine d'années, selon le conseiller régional en charge de la transition écologique.
Pour atteindre l’autonomie énergétique, nous avons mis en œuvre un certain nombre de travaux avec le développement de l’éolien en mer, dit l’éolien off shore, pour la production d’électricité afin de faire de l’hydrogène pour la mobilité. A côté de cela, il y a aussi le développement du photovoltaïque avec le plan solaire régional du photovoltaïque, avec un toit solaire pour chaque maison.
Jean-Pierre Chabriat, conseiller régional en charge de la transition énergétique
D'ailleurs, toujours dans le cadre de cette transition énergétique, un parc éolien composé de dix machines pourrait voir le jour au large de La Réunion d'ici 2030.
L'objectif est également d'avoir des centrales de géothermie et des centrales éolienne en mer d'ici quelques années. "Nous accompagnons les travaux des projets pour que nous ayons tout cela sous la main au plus vite", conclut-il, en assurant une fois de plus que : "La Réunion atteindra son autonomie énergétique vers 2050". Reste à voir si les engagements seront tenus.