Intégrer les jeunes autistes dans le monde de l'entreprise est la démarche d'immersion dont bénéficient quatre jeunes Réunionnais autistes de l'Institut Médico-Educatif (IME) du Baobab à Bras-Panon. C'est ainsi que la charte Romain Jacob a été signée avec le Département.
Le but est bien de favoriser l'insertion professionnelle des jeunes atteints de troubles du spectre de l'autisme à La Réunion.
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Vers une société plus inclusive
"On remplit les pots de confiture et on prépare les cartons. C'est important de travailler, ça nous permet de découvrir plein de choses intéressantes", sourit Samuel, jeune autiste en immersion au sein de l'entreprise Royal Bourbon à Bras-Panon.
Comme trois autres de ses camarades, il bénéficie de la charte Romain Jacob. Cette dernière est élaborée par l'association Handidactique. Elle vise à améliorer l’accès aux soins et la qualité de vie des personnes en situation de handicap.
"En s’engageant sur cette charte, les entreprises et associations œuvrent en faveur d'une société plus inclusive, en garantissant l'accessibilité à la formation et à l'emploi", souligne Pascal Jacob, président de l’association Handidactique.
Intégrer des jeunes autistes au sein des entreprises
Suivant une démarche de responsabilité sociétale des entreprises (RSE), Clémence Moreau, la directrice générale adjointe de Royal Bourbon, s'était engagée à "intégrer des personnes autistes au sein des unités de production".
Avec l'IME du Baobab, nous avons construit ensemble l'intégration des jeunes autistes. Il fallait identifier les postes sur lesquels on les ferait travailler. Il fallait les préparer en amont. Il s'agissait également de préparer mes équipes à recevoir les personnes autistes. Le tout, dans le but de déconstruire les clichés que l'on a sur les personnes autistes.
Clémence Moreau, directrice générale adjointe de Royal Bourbon
"Mettre un pied dans le monde du travail"
Deux fois par semaine, les jeunes autistes viennent au sein de l'entreprise pendant deux heures par jour "pour apprendre les mécanismes de production", précise Jean-Pascal Célerine, éducateur et moniteur à l'IME du Baobab.
Certains sont accompagnés de leur tuteur, d'autres sont en autonomie. "Ça leur permet de mettre un pied dans le monde du travail et de pouvoir qualifier leurs compétences en termes d'employabilité", rappelle Clémence Moreau.
"On a écouté les personnes vivant avec un handicap. On a appris avec eux. La construction des emplois pour eux est une avancée remarquable", se félicite Pascal Jacob, président de l’association Handidactique, de passage à La Réunion pour la signature de cette charte avec le Département.
Des moyens mnémotechniques
Pour initier les jeunes autistes à l'apprentissage des taches, des moyens mnémotechniques ont été mis en place. Tout d'abord, "nous avons fait un travail relationnel, en prenant le temps de leur expliquer ce qu'ils allaient faire, notamment avec un repérage des lieux et un organigramme", explique Jean-Pascal Célerine.
On a créé des outils pour faciliter la compréhension du travail à faire. Par exemple, on a une série de photos où on voit les taches à effectuer. Ils exécutent ensuite l'enchaînement des taches. On a aussi les horaires sur lesquels les jeunes autistes sont très attachés. Ils ont besoin de savoir ce qu'ils vont faire de la journée. Il faut tout anticiper et tout organiser avec eux. Dès lors qu'il y a une organisation pour eux, les choses se passent plus facilement.
Jean-Pascal Célerine, éducateur et moniteur à l'IME du Baobab
"1 000 jeunes autistes en capacité de travailler à La Réunion"
Selon les estimations de l'association Handidactique, "1 000 jeunes autistes seraient en capacité de travailler à La Réunion, affirme Pascal Jacob, sur près de 8 000 Réunionnais atteints des troubles du spectre de l'autisme. Encore faudrait-il que les entreprises s'activent pour être plus inclusives".
Le combat continue donc pour l'association, qui espère un avenir meilleur pour les jeunes autistes.