Brigitte Bardot condamnée à 20 000 euros d’amende pour ses propos racistes sur les Réunionnais

Reconnue coupable d’injures raciales, l’ancienne star du cinéma a été condamnée ce jeudi à 20 000 euros d’amende. Dans une lettre ouverte adressée au préfet en mars 2019, elle avait lancé une salve de propos insultants sur la population réunionnaise et ses prétendus "gènes de sauvages."

Un coup de sang qui coûte cher. C’est peut-être ce que se dira Brigitte Bardot en apprenant que le tribunal correctionnel l’a condamnée ce jeudi à payer une amende de 20 000 euros pour les propos qu’elle disait avoir tenu "sous le coup de la colère et de l’émotion" dans une lettre ouverte adressée au préfet de la Réunion le 19 mars 2019.

 

"Dans le contexte actuel, c’est intéressant de voir que les paroles de haine et d’exclusion sont sanctionnées."

Me Fabrice Saubert, avocat de la Ligue des Droits de l'Homme

 

Contacté par Réunion La 1ère, l’avocat de Ligue des Droits de l’Homme, Me Fabrice Saubert, a salué "une vraie sanction, avec une amende délictuelle importante." "C’est un message du tribunal pour dire : « Madame, ça suffit, taisez-vous, il faut respecter les gens »" estime le conseil, satisfait de voir que les juges ont reconnu "les relents racistes qu’elle ne peut garder pour elle."

Et Me Saubert d’apprécier la portée de la décision : "Dans le contexte actuel, c’est intéressant de voir que les paroles de haine et d’exclusion sont sanctionnées."

 

Des propos "inadmissibles"

Pour rappel, le courrier en question, sous prétexte de s’alarmer du traitement des animaux à la Réunion, multipliait les dérapages à l’égard des habitants de l’île. Avec des termes comme "des autochtones ayant gardé leurs gènes de sauvage", une "population dégénérée encore imprégnée des traditions barbares qui sont leur souche" ou encore des "réminiscences de cannibalisme des siècles passées."

Des propos jugés "inadmissibles" par le ministère public à l’audience du 7 octobre dernier, la procureure-adjointe Bérengère Prud’homme dénonçant "des termes injurieux, graves et répétés visant des citoyens dans leur ensemble, typiques des injures racistes", d’autant plus graves car "venant d’une personne qui utilise sa notoriété pour défendre une cause et qui sait que ses propos auront un écho particulier."

 

25000 euros d’amende requis

La peine de 25 000 euros d’amende, ainsi que l’affichage de la décision aux frais de la prévenue, avaient été requis. Egalement poursuivi pour avoir adressé le courrier incriminé à diverses rédactions de l’île, le responsable de la communication de la fondation Bardot voyait une amende de 5 000 euros réclamée à son encontre. Le tribunal l’a condamné à une amende de 4 000 euros en tant que complice de l’infraction. Autant dire que les juges ont été sensibles à l’argumentation du parquet, mais aussi celle des parties civiles, qui elles, ont reçu un euro symbolique de dommages et intérêts et 15 000 euros pour les frais de justice.

Me Philippe Pressecq, représentant notamment la Licra et SOS Racisme, avait pointé le statut de "multirécidiviste" de Brigitte Bardot, condamnée à de multiples reprises pour des propos similaires à l’égard d’autres communautés. "C’est une lettre pensée mot par mot, conçue pour être diffusée au plus grand nombre et qui comporte une avalanche d’injures injustifiées, blessantes et outrageantes" avait dénoncé l’avocat en réclamant 30 000 euros de dommages et intérêts par association. "On aimerait que ces associations n’existent plus, mais elles existent encore à cause de gens comme Mme Bardot. Alors, qu’on la condamne à nous aider financièrement, qu’on la frappe au portefeuille", avait-il plaidé. L'avocat estime que le jugement est à la hauteur de son statut de "multirécidiviste".