Consommation d’électricité en baisse, énergies renouvelables en hausse : La Réunion en pleine transition énergétique

Des panneaux photovoltaïques à La Réunion (Photo d'illustration).
La Réunion a connu des coupures d'électricités le week-end dernier. Un black-out serait-il possible ? La production d'électricité a évolué dans l'île. L'an dernier, les énergies renouvelables ont dépassé les énergies fossiles, mais La Réunion reste encore trop dépendante des énergies fossiles et renouvelables importées. Le point ici.

Régulièrement, les équipes d’EDF Réunion appellent à la sobriété énergétique. A l’approche de l’été et des pics de chaleur, les Réunionnais sont déjà appelés à modérer leur consommation d’électricité.

Baisser la climatisation, installer des brasseurs d’air, améliorer l’isolation, mais aussi ne pas laisser des appareils en charge inutilement, ou encore éteindre des lumières : de bons gestes existent.

La Réunion, seule à produire son électricité

A La Réunion, la consommation d’électricité est en baisse. En 2023, elle a diminué de 3,3% pour atteindre 2 728 GWH. Pourtant, une hausse des abonnés (+ 5.487) a été enregistrée. Cette baisse témoigne d’une prise de conscience des Réunionnais.

Ici plus qu’ailleurs, la sobriété énergétique est primordiale. Contrairement à des régions de l’Hexagone, impossible de connecter notre réseau à un autre pour faire face aux pics de consommation durant l’été. La Réunion, comme les autres territoires d’Outre-mer et la Corse, font partie des ZNI, des Zones Non Interconnectées.

Notre île doit produire son électricité localement, seule, et assurer un équilibre permanent entre la production et la consommation. La Réunion n’a pas de centrale nucléaire, principale source de production d’électricité utilisée dans l’Hexagone.

Le risque du black-out

Dans ces conditions, existe-t-il un risque de black-out dans l’île ? Le week-end dernier, lors du départ du Grand Raid, La Réunion a connu d’importantes coupures de courant. Une grève des centrales thermiques d’Albioma au Gol et à Bois-Rouge, a interrompu la production d’électricité. EDF Réunion a procédé à des délestages, a mis tous les moyens de production de l’île à contribution, mais n’a pas pu empêcher les coupures.

La centrale du Port a été portée au maximum de ses capacités. Les ouvrages hydrauliques de Takamaka, Rivière de l’Est, Bras-de-la-Plaine et Rivière Langevin ont été sollicités, ainsi que les turbines à combustion de La Possession et les groupes électrogènes raccordés au réseau. Malgré tout, près de 165 000 foyers privés d’électricité pendant plusieurs heures. Le risque de black-out est donc réel, comme sur toutes les îles.

Pour exemple, depuis le 18 octobre, Cuba traverse une grave crise. Réseau électrique obsolète, forte dépendance aux combustibles fossiles, manque d’investissements : la population vit presque sans électricité depuis cinq jours.

Trop dépendante des énergies importées

Si notre consommation d'électricité baisse, La Réunion est encore trop dépendante des énergies fossiles et renouvelables importées.

En 2023, le taux de dépendance aux ressources énergétiques importées atteint 88,6% (dont 75% d'énergies fossiles et 13,3% d'énergies renouvelables). Une tendance à la hausse qui date de 2015, avec l’importation du fuel, du charbon, mais aussi de nouvelles ressources renouvelables qui arrivent par transport maritime dans l'île.

L’importance des produits pétroliers dans le mix énergétique est surtout liée au secteur du transport routier. Si la consommation de gazole diminue, celle de l'essence augmente, portée par la hausse des véhicules hybrides non rechargeables, qui représentent 5% du parc automobile à La Réunion, en 2023.

Embouteillage sur les routes de La Réunion.

Plus d’énergies renouvelables que fossiles en 2023

Il y a tout de même eu une bonne nouvelle en 2023. Pour la première fois, les énergies renouvelables ont dépassé les énergies fossiles dans la production d’électricité à La Réunion. Une bascule annoncée lors du bilan annuel de l'Agence régionale de l'énergie et du climat, Energies Réunion, en août dernier.

La Réunion est passée de 28% de production d’énergies renouvelables en 2021 à 56,6% en 2023, contre 43,4% d’énergies fossiles. La transition énergétique de l’île est bien réelle.

Une transition électrique réussie avec la conversion de centrale

Le mix énergétique a franchi un cap avec cette part majoritaire d’énergies renouvelables. Ces derniers mois, des centrales ont été converties au charbon. Depuis juillet 2023, la centrale Albioma de Bois Rouge fonctionne à 100% grâce aux pellets de bois importés du Canada par bateau. La centrale du Gol est en cours de conversion aux pellets. Et la centrale bioénergie du Port-Est produit aussi depuis l’an dernier, une électricité en partie renouvelable avec de la biomasse liquide issue d'huile de colza.

Dans ces 56,6% d’énergies renouvelables, le biodiesel produit avec l’huile de colza pèse 16%, les pellets de bois importés du Canada pèse 10%, et la bagasse pèse 7%.

La part des énergies renouvelables importées s'élève à 26,7% et la part des énergies renouvelables locales est de 29,9%. Elle comprend l’énergie hydraulique du barrage de Takamaka, les réservoirs d’eau de la Rivière de l’Est, mais aussi le photovoltaïque et les éoliennes.

Parc éolien de Sainte-Rose (photo d'illustration)

Vers une autonomie d’ici 2050 ?

La Réunion pourrait atteindre son autonomie énergétique d'ici 2050. L’enjeu pour notre département est surtout d’atteindre une autonomie énergétique en ayant un mix électrique avec un maximum d’énergies renouvelables. Pour EDF Réunion, l’objectif est donc de tendre cette année vers 100% d’énergies renouvelables. 

Des travaux sont en cours avec le développement de l’éolien en mer. Un parc éolien composé de dix machines pourrait voir le jour au large de La Réunion d'ici 2030.

L'objectif est d'avoir des centrales de géothermie et des centrales éolienne en mer d'ici quelques années. Il y a aussi le développement du photovoltaïque avec le plan solaire régional du photovoltaïque, qui prévoit un toit solaire pour chaque maison.

Enfin, pour atteindre l’autonomie énergétique, La Réunion devra surtout réduire sa consommation de carburants dans le transport routier qui reste le point noir car cette consommation représente 41% des émissions de CO2 à La Réunion.