D'abord écartés, les étudiants de 2ème et 3ème année ont finalement été réaffectés en stage dans des établissements de l'île. Mais, actuellement, certains renforcent surtout les équipes d'aides-soignants. Une situation qu'ils contestent.
C'était une crainte de la FAFPHR, syndicat hospitalier, une crainte désormais confirmée, certains étudiants infirmiers ont été envoyés en première ligne.
Dans un premier temps confinés, ces étudiants ont été rappelés dès le 1er avril, afin de poursuivre leur stage initial. Le mail de leur affectation est tombé comme un couperet, aux alentours de 18 heures. Les étudiants avaient pour obligation de se trouver sur leur lieu de stage, dès le lendemain, le 2 avril. Certains, devaient être en poste dès 6 heures du matin.
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Coronavirus : le recours aux étudiants de santé fait polémique
Une mise en stage jugée "précipitée" pour ces étudiants. Mathis* (prénom d'emprunt) affecté dans un service hospitalier à priori sur le papier, sans cas de Covid-19 témoigne : " au moment où, j'ai pris connaissance de mon affectation, impossible de joindre la cadre de mon service, personne pour me renseigner. Je me suis donc pointer comme une fleur, le lendemain matin ".
Résultat, Mathis* doit prendre son mal en patience. Il arpente pendant près de deux heures les couloirs, en long en large et en travers avant que sa cadre ne se ravise et l'autorise à accéder au service. Ce volt-face s'explique par la prise de contact du CHU avec l'IFSI, Institut de Formation en Soins Infirmiers qui a donc donné son feu vert.
Envoyé en première ligne, sans même le savoir, Mathis* découvre alors son service. Mais immédiatement, le jeune homme se demande si il sera formé pour la prise en charge des patients COVID-19. Formation inexistante jusqu'ici. La cadre lui annonce sèchement : " vous lisez les protocoles du service et puis, je vous regarde faire ".
Après une visite guidée express de son sevice, Mathis rencontre ses collègues. Une infirmière n'hésite pas à le prendre en aparté et lui annonce d'emblée la couleur :
L'encadrement fait cruellement défaut, difficile donc pour cet étudiant de poursuivre son stage obligatoire dans ces conditions.
Léo* (prénom d'emprunt) lui, a été affecté dans un service hospitalier qui n'est pas spécifique au Covid-19 mais qui reste très sollicité, en ce moment. Au lendemain de son premier jour de stage, on lui annonce qu'il a été en contact avec deux personnes suspectées d'être porteuse du virus. Des personnes qui ont ensuite été prises en charge dans le service dédié. Ses protections se limitent au port de masques chirurgicaux, changés toutes les quatre heures.
Dès que Léo arrive dans le service, le cadre infirmier ne perd pas de temps et lance :
Emma* (prénom d'emprunt), étudiante en 3ème année, renchérit " on remplace actuellement des aides-soignants avec interdiction de pratiquer des actes infirmiers. Ce stage n’est clairement pas formateur à l’aube de l’obtention de mon diplôme dans quelques mois. Je ne suis pas formée à la hauteur de mes espérances ".
Pourtant, l'IFSI a explicitement annoncé à ces étudiants qu'ils seraient mobilisés en qualité de stagiaires : " suite aux instructions ministérielles, en accord avec l'ARS et la direction des Instituts d'Etude en Santé du CHU Réunion, nous vous informons de votre réaffectation en stage ".
Léo, lui, est révolté et pessimiste quant à son avenir. " Je suis sûr que le diplôme sera décalé et qu'on aura des stages de rattrapage. On ne peut pas mettre sur le marché des étudiants infirmiers qui ont raté près de 175 heures de formation sur la fin de leur parcours ".
Le jeune étudiant poursuit, " la direction de l'IFSI est complétement déconnectée de la réalité. Elle n'a absolument pas idée de ce que l'on vit ".
La situation de ces étudiants n'a pas manqué de faire réagir la CFDT Santé sociaux. " Les conditions habituelles de stage ne sont plus réunies, notamment en matière d’encadrement, d'enseignement, de tutorat et de prise de risques " confirme Expédit Lock-Fat, secrétaire Général de la CFDT Santé Sociaux La Réunion.
En temps normal, les étudiants en soins infirmiers en stage perçoivent une indemnité de 1,47 euros de l'heure soit 50 euros par semaine. Or, ces étudiants pallient aujourd'hui, aux manques de soignants, renforcent certaines équipes et aident à l’ouverture des lits COVID-19. Et leurs rémunérations restent inchangées.
Le syndicat se mobilise en réclamant auprès de toute autorité que " ces étudiants puissent avoir une juste indemnisation et continuer à servir dans les services où toutes les procédures doivent être mises en œuvre pour assurer leur protection ". Une demande restée vaine pour le moment.
Dans un premier temps confinés, ces étudiants ont été rappelés dès le 1er avril, afin de poursuivre leur stage initial. Le mail de leur affectation est tombé comme un couperet, aux alentours de 18 heures. Les étudiants avaient pour obligation de se trouver sur leur lieu de stage, dès le lendemain, le 2 avril. Certains, devaient être en poste dès 6 heures du matin.
A lire aussi :
Coronavirus : le recours aux étudiants de santé fait polémique
Des étudiants en première ligne
Une mise en stage jugée "précipitée" pour ces étudiants. Mathis* (prénom d'emprunt) affecté dans un service hospitalier à priori sur le papier, sans cas de Covid-19 témoigne : " au moment où, j'ai pris connaissance de mon affectation, impossible de joindre la cadre de mon service, personne pour me renseigner. Je me suis donc pointer comme une fleur, le lendemain matin ".
" La cadre infirmière n'était absolument pas au courant de ma venue dans son service. Et elle m'a formellement interdit son accès en m'informant qu'il s'agissait d'un service réservé au COVID-19 "
Résultat, Mathis* doit prendre son mal en patience. Il arpente pendant près de deux heures les couloirs, en long en large et en travers avant que sa cadre ne se ravise et l'autorise à accéder au service. Ce volt-face s'explique par la prise de contact du CHU avec l'IFSI, Institut de Formation en Soins Infirmiers qui a donc donné son feu vert.
Envoyé en première ligne, sans même le savoir, Mathis* découvre alors son service. Mais immédiatement, le jeune homme se demande si il sera formé pour la prise en charge des patients COVID-19. Formation inexistante jusqu'ici. La cadre lui annonce sèchement : " vous lisez les protocoles du service et puis, je vous regarde faire ".
" On ne veut pas de vous ici ! "
Après une visite guidée express de son sevice, Mathis rencontre ses collègues. Une infirmière n'hésite pas à le prendre en aparté et lui annonce d'emblée la couleur :
" on ne veut pas de vous ici ! Je suis mobilisée depuis le début de cette crise et aujourd'hui, je n'ai pas la force, ni la capacité en plus de cela, d'encadrer un étudiant. C'est simple, vous n'approchez pas les chambres et les patients ".
L'encadrement fait cruellement défaut, difficile donc pour cet étudiant de poursuivre son stage obligatoire dans ces conditions.
Léo* (prénom d'emprunt) lui, a été affecté dans un service hospitalier qui n'est pas spécifique au Covid-19 mais qui reste très sollicité, en ce moment. Au lendemain de son premier jour de stage, on lui annonce qu'il a été en contact avec deux personnes suspectées d'être porteuse du virus. Des personnes qui ont ensuite été prises en charge dans le service dédié. Ses protections se limitent au port de masques chirurgicaux, changés toutes les quatre heures.
Des étudiants infirmiers en renfort en tant qu'aide-soignant
Dès que Léo arrive dans le service, le cadre infirmier ne perd pas de temps et lance :
" Vous êtes ici, en tant qu'aide-soignant en renfort et non en tant qu'étudiant infirmier. Je vous préviens tout de suite, tout ce qui est feuille de bilan ou de compténces, je ne signerai rien ! "
Emma* (prénom d'emprunt), étudiante en 3ème année, renchérit " on remplace actuellement des aides-soignants avec interdiction de pratiquer des actes infirmiers. Ce stage n’est clairement pas formateur à l’aube de l’obtention de mon diplôme dans quelques mois. Je ne suis pas formée à la hauteur de mes espérances ".
Pourtant, l'IFSI a explicitement annoncé à ces étudiants qu'ils seraient mobilisés en qualité de stagiaires : " suite aux instructions ministérielles, en accord avec l'ARS et la direction des Instituts d'Etude en Santé du CHU Réunion, nous vous informons de votre réaffectation en stage ".
Léo, lui, est révolté et pessimiste quant à son avenir. " Je suis sûr que le diplôme sera décalé et qu'on aura des stages de rattrapage. On ne peut pas mettre sur le marché des étudiants infirmiers qui ont raté près de 175 heures de formation sur la fin de leur parcours ".
Le jeune étudiant poursuit, " la direction de l'IFSI est complétement déconnectée de la réalité. Elle n'a absolument pas idée de ce que l'on vit ".
La CFDT réclame une revalorisation du statut des stagiaires
La situation de ces étudiants n'a pas manqué de faire réagir la CFDT Santé sociaux. " Les conditions habituelles de stage ne sont plus réunies, notamment en matière d’encadrement, d'enseignement, de tutorat et de prise de risques " confirme Expédit Lock-Fat, secrétaire Général de la CFDT Santé Sociaux La Réunion.
En temps normal, les étudiants en soins infirmiers en stage perçoivent une indemnité de 1,47 euros de l'heure soit 50 euros par semaine. Or, ces étudiants pallient aujourd'hui, aux manques de soignants, renforcent certaines équipes et aident à l’ouverture des lits COVID-19. Et leurs rémunérations restent inchangées.
Le syndicat se mobilise en réclamant auprès de toute autorité que " ces étudiants puissent avoir une juste indemnisation et continuer à servir dans les services où toutes les procédures doivent être mises en œuvre pour assurer leur protection ". Une demande restée vaine pour le moment.