Le 1er juin 2009, 216 passagers et 12 membres d’équipage ont trouvé la mort dans le crash du vol Rio-Paris. Treize ans plus tard, la question des responsabilités dans cette tragédie est enfin examinée par les magistrats du tribunal correctionnel de Paris, avec les compagnies Air France et Airbus à la barre des prévenus.
Les deux fleurons de l'industrie française doivent répondre d'homicides involontaires à partir de ce lundi 10 octobre. Ce procès qui devrait durer plus de huit semaines était attendu de longue date par les proches de François Henry, le steward réunionnais qui fait partie des 228 victimes.
Le reportage de Réunion La 1ère :
"Beaucoup de souvenirs douloureux"
Le jour du drame, ce Portois de 39 ans rentrait de vacances au Brésil avec son amie Céline Guittard à bord du vol AF447. "C’est un jour particulier pour nous, a confié ce lundi", sur Réunion La 1ère, Dominique Henri, l'un des frères du steward.
"C'est beaucoup de souvenirs douloureux. Nous vivons là deux émotions fortes, lâche encore le proche. La douleur d'une part parce que nous sommes amenés à revivre ce jour qui a commencé par le doute et qui s’est terminé par un appel de la direction d’Air France qui a confirmé que notre frère se trouvait sur ce vol. Et l’angoisse d'autre part parce que nous attendons avec beaucoup d’attention les résultats de ce procès".
Revoir l'interview complète de Dominique Henry sur Réunion La 1ère :
Des défaillances reprochées aux deux compagnies
Dominique Henri ne se rendra pas au procès mais sera représenté par ses avocats et son autre frère, Eric. Un procès qui se doit d'être "impartial" et "exemplaire", demande-t-il, "pour que cela ne se reproduise plus".
Ce dernier pointe du doigt les défaillances reprochées à Airbus et Air France. L'enquête a révélé que les sondes de vitesse Pitot de l'A330 n'ont pas fonctionné correctement en raison du givre. Les pilotes n'ont ainsi rien pu faire alors que l'appareil décrochait.
Le procès des compagnies ou des pilotes ?
"Nous attendons que ce procès soit bien le procès d'Airbus et d'Air France" et non "celui des pilotes", a déclaré à l'AFP, Danièle Lamy, la présidente de l'association de proches de victimes Entraide et Solidarité AF447.
Dominique Henri estime également que les deux compagnies "n'ont pas cessé de minimiser leurs responsabilités dans ce drame". Nous saurons lors du procès quelle sera leur ligne de défense et les magistrats trancheront le 8 décembre prochain.
Un procès qui a bien failli ne pas avoir lieu
Reste que jusqu'en mai dernier, il n'était pas sûr que l'affaire soit finalement examinée au tribunal. La chambre d'instruction de la cour d'appel de Paris a finalement ordonné le renvoi du constructeur aéronautique et de la compagnie aérienne devant la justice pour "homicides involontaires". Alors que les juges d'instruction en charge du dossier avaient d'abord prononcé un non-lieu général le 29 août 2019.
Deux autres ultramarins figurent également parmi les victimes du crash.