Après deux dernières années catastrophiques, les planteurs ne pensaient pas que 2024 pourrait être pire. Cela a pourtant été le cas, avec l'une des plus mauvaises campagnes de l'histoire : Belal et ses vents d'abord, puis la sécheresse ensuite ont encore fait mal aux plantations.
Pire campagne, peu de replantation
"Il y a aussi les problématiques liées à l'enherbement et la disponibilité de molécules herbicides pour pouvoir lutter contre les mauvaises herbes" explique Bernard Seigmund, directeur d'eRcane. "Et puis globalement, une difficulté en termes de conditions de trésorerie qui sont très tendues du fait des précédentes campagnes, avec un taux de replantation très faible" poursuit le responsable du centre de recherche sur la canne à sucre.
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"Donner de la trésorerie dans les exploitations"
"Le principal, c'est le côté financier : il faut trouver des solutions pour donner de la trésorerie dans les exploitations", abonde Pierre-Emmanuel Thonon, coprésident du CTICS. "On arrive en fin de campagne le 7 décembre, tout de suite derrière on va reprendre l'entretien, la plantation. Il faudra que ces parcelles soient relancées pour la campagne de 2025 qui commencera en juillet", prévient le représentant des planteurs.
Les usiniers sont aussi impactés. "On essaye de travailler sur les causes structurelles : herbicides, main-d’œuvre, replantation... C'est pour ça qu'on a mis en place un plan de relance au niveau de l'interprofession à hauteur de 6 millions d'euros sur des parties action directe, et 3,2 millions d'euros supplémentaires sur les intrants", rappelle Florent Thibault, directeur agricole de Téréos. "Ce plan vise à agir sur l'ensemble des leviers pour relancer la production."
"Secteur en grande difficulté"
Aussi, comme il l'avait promis, le nouveau préfet de La Réunion Patrice Latron a consacré l'une de ses toutes premières visites de terrain à la filière canne, en se rendant mercredi 27 novembre sur une exploitation de Sainte-Marie.
"On comprend mieux les choses sur le terrain avec les acteurs", rappelle d'abord Patrice Latron. "J'ai compris la problématique de ce secteur en grande difficulté avec la pire récolte depuis 50 ans. Mais d'abord,j'ai compris les atouts de la canne, une culture fondamentale pour La Réunion, qui représente la moitié de la surface et un tiers de la production agricole et, au-delà, c'est aussi le patrimoine, l'histoire, les paysages de la Réunion", poursuit le préfet.
De l'aide, oui, mais quand ?
Conscient que la filière attend un coup de pouce de l'Etat, il temporise toutefois jusqu'à la tenue des états généraux de la canne à sucre souhaités par la Région. Mais quand auront-ils lieu ?
"Pas trop tôt", répond le représentant de l'Etat. "On va rentrer dans une échéance politique importante, l'élection à la chambre d'agriculture, un sujet sensible, puis le salon de l'agriculture" justifie Patrice Latron, qui voit donc cette rencontre "après le salon de l'agriculture", qui se tiendra du 22 février au 2 mars 2025 à la Porte de Versailles.
À ce moment-là, promet-il, "l'Etat s'associera avec beaucoup de volontarisme. On va voir comment agir pour aider les planteurs."