La campagne sucrière 2024 n'est pas terminée, mais le bilan semble déjà sombre, de l'avis de plusieurs planteurs.
Dernier coup dur en date pour ces agriculteurs, le conflit social au sein des centrales thermiques Albioma qui a empêché, pendant plus d'une semaine, la livraison des cannes aux usines sucrières. Pour rappel, sans la vapeur fournie par les centrales thermiques, les cannes ne peuvent être broyées.
Une grève qui a aggravé la situation
"On a subi beaucoup de conséquences de cette grève-là, dans une année déjà très compliquée", relevait Olivier Fontaine, secrétaire général de la Chambre d'agriculture de La Réunion, invité au JT de Réunion La 1ère dimanche soir.
"La campagne est déjà en péril depuis bien longtemps", soufflait quant à lui Jean-Michel Moutama, président de la CGPER ce lundi matin. Le broyage n'avait toujours pas redémarré ce lundi matin au Gol, et les planteurs devraient encore attendre mercredi pour livrer leur chargement.
"On pensait pouvoir livrer demain (mardi), mais ce n'est pas le cas, (...) on devrait pouvoir livrer mercredi matin"
Jean-Michel Moutama, président de la CGPER
8500 tonnes ont été stockées la semaine dernière sur le bassin cannier du Gol, et 4000 tonnes sur celui de Bois Rouge. "Si tout reprend normalement on devrait rattraper le retard, avec le peu de cannes qu'on a cette année", espère Jean-Michel Moutama.
Où en était la reprise de la livraison des cannes ce lundi matin ? Regardez le reportage de Réunion La 1ère :
Un tonnage en baisse ces dernières années
Cette année "compliquée" s'ajoute aux précédentes qui n'ont pas été exceptionnelles non plus : 1,43 million de tonnes de cannes broyées en 2023, 1,3 million de tonnes en 2022, 1,55 million de tonnes en 2021, ou encore environ 1,5 million de tonnes en 2020... A titre de comparaison, en 2011 par exemple, le tonnage de cannes broyées s'était élevé à 1,89 million de tonnes.
"La plus mauvaise année jamais subie"
Celle de 2024 pourrait battre encore des records, en tout cas selon Olivier Fontaine. "D'ores et déjà, je pense qu'on est sur la plus mauvaise année jamais subie", disait-il dimanche soir.
Le moral des agriculteurs est mis à mal, et leurs revenus en baisse, poursuit-il.
"C'est la pire campagne sucrière de tous les temps"
Olivier Fontaine, secrétaire général de la Chambre d'Agriculture de La Réunion
Selon les prévisions du Centre technique interprofessionnel de la canne et du sucre (CTICS) il y a quelques semaines, cette campagne 2024 devrait s'achever sur un tonnage inférieur à 1,3 million de tonnes, mais avec une meilleure richesse.
Plusieurs causes
Outre le conflit social chez Albioma, d'autres éléments sont venus contrarier cette campagne sucrière, à commencer par la météo. Plus précisément le passage du cyclone Belal en janvier, puis de la tempête Candice, qui ont laissé des traces, suivi d'un manque de soleil dans plusieurs régions, et enfin un épisode de grande sécheresse de mars à septembre. Sans oublier que la profession souffre d'un manque de main d'oeuvre.
"La canne à sucre reste très ancrée à La Réunion"
De quoi relancer la question d'une baisse de la culture de la canne au profit de la diversification. Olivier Fontaine lui, n'en démord pas : "On peut faire plus de diversification, mais la canne à sucre reste très ancrée à La Réunion et concerne beaucoup d'agriculteurs. Je pense qu'il faut continuer à travailler pour relancer cette culture", achevait-il.
Olivier Fontaine était l'invité du JT de Réunion La 1ère dimanche :