La crise financière s’intensifie au CHU de La Réunion

Le CHU de La Réunion présente un déficit de 50 millions d'euros et 37 millions d'euros de charges impayées.
L’hôpital public réunionnais s’enfonce dans la crise. Un rapport de la Cour des comptes publié le 12 octobre dernier, fait état d’une enveloppe d’un milliard d’euros destinée aux hôpitaux d’Outre-mer. Une aide qui n'a jamais été perçue par le CHU de La Réunion, alors qu’une politique d’austérité règne dans l’hôpital public. Les syndicats appellent à la grève à partir de jeudi 9 novembre, “la santé des Réunionnais est en jeu”.

La crise s’éternise. Sur un budget d’un milliard d’euros en 2022, le CHU de La Réunion accuse un déficit de 50 millions d’euros et 37 millions d’euros de charges non payées au niveau de la sécurité sociale. Près de 90 millions d’euros de dettes, alors que l’hôpital public n’a jamais perçu l’aide promise par l’état "visant à faire face à des surcoûts ou des besoins imprévus pour les dix années à venir”, indique un rapport de la Cour des comptes. 

Regardez le reportage de Réunion La 1ère : 

Le CHU de La Réunion en crise. Il affiche un déficit de près de 90 millions d’euros

Un plan d’austérité 

Manque d’eau potable pour les patients, de matériel médical, de coussins ou encore de draps, le CHU de La Réunion est sous une “politique d’austérité”, comme le rappelle Expedit Lock-Fat, Secrétaire général de la CFDT Santé Réunion. “On sait que des ordres de réduction des charges à hauteur de 30% sont donnés. Il y a des implications directes sur la prise en charge de la population. Cette austérité met à mal la qualité des soins”, explique-t-il. 

Appel à la grève le 9 novembre 

Au mois de juillet 2023, les représentants politiques locaux sonnaient déjà la sonnette d’alarme. L’ensemble des élus siégeant au Conseil départemental de La Réunion avait voté en faveur d’une motion de soutien au CHU de La Réunion présentée par l'élue socialiste Monique Orphé. L’objectif : interpeller l'Agence régionale de Santé et réclamer un coup de pouce de 35 millions d'euros, soit la compensation des dépenses imputables à des facteurs extérieurs à la gestion du CHU.

Mais pour Expedit Lock-Fat, rien n’a changé depuis. “La communauté médicale ne peut pas gérer un déficit de 37 plus 50 millions d’euros avec en face des conséquences sur la prise en charge de la population. C’est pourquoi nous souhaitons mettre en place un mouvement de grève prévu le 9 novembre pour interpeller la population et les politiques”, a-t-il annoncé ce matin. 

Les hôpitaux des Outre-mer oubliés 

En juin 2023, le CHU de La Réunion avait lancé un plan d’action pour réduire ses dépenses “sans suppression de poste, ni dégradation de la qualité des soins" selon son directeur Lionel Calange qui dénonçait un manque d’accompagnement du CHU. 

Un rapport de la Cour des comptes publié le 12 octobre dernier, fait état d’une aide d’un milliard d’euros qui aurait dû être versée par l’Etat aux Outre-mer. Un versement qui n’a jamais eu lieu. “Cette aide a été détournée de son objet, explique le secrétaire général de la CFDT Santé Réunion. Nous pensons que cette dotation aurait dû servir au CHU de La Réunion pour faire face aux aléas liés à l’insularité. La qualité de la prise en charge doit se faire au niveau des Outre-Mer”, réclame-t-il.

Un déficit et des charges qui menacent grandement la qualité des soins de l’hôpital public envers les Réunionnais. “Il y a urgence à accompagner le service public hospitalier à La Réunion”, conclut le représentant du syndicat.