La presse écrite réunionnaise est aujourd'hui menacée de disparition. C'est le cri d'alerte porté d'une même voix par des salariés du Quotidien et du JIR devant la préfecture de Saint-Denis, ce mercredi en fin d'après-midi.
Regardez le reportage de Réunion La 1ère :
"La presse écrite en péril", titre notamment Le Journal de l'Île en pleine page, pour interpeller la ministre de la Culture Rima Adbul Malak, en visite à La Réunion.
Mobilisation à la préfecture
Les deux médias ont souhaité interpeller la ministre de la Culture au premier jour de sa visite officielle dans le département.
Et Rima Adbul Malak ministre a ainsi rencontré la direction ainsi que les représentants du personnel des deux titres de presse en difficulté, afin d’échanger sur leurs préoccupations et les enjeux à venir.
"Accompagner la renaissance"... en cas de reprise
"Je vais les écouter, mieux comprendre les difficultés mais il y a une procédure de liquidation pour le Quotidien dans laquelle le ministère de la Culture ne peut pas directement intervenir", a indiqué la ministre en marge de la signature du pacte linguistique au Palais de la Source.
"Nous avons des aides à la presse qui ont été renforcées pour la presse des territoires ultramarins, nous garderons ces aides disponibles quand un repreneur se positionnera et moi, ce qui m'intéresse c'est d'accompagner la renaissance si repreneur il y a, pour que ces deux titres, et notamment le Quotidien qui est le plus en difficulté actuellement, puissent perdurer".
Regardez l'interview de la ministre Rima Adbul Malak sur Réunion La 1ère :
Le Quotidien joue sa survie
Le Quotidien joue sa survie à très court terme. Le journal a été placé en liquidation-cession le 4 octobre dernier, mais la seule offre de reprise proposée par Henri Nijdam, le patron du groupe de presse Média Capital, a été refusée. Et la date butoir devant le tribunal de commerce tombe le 13 décembre.
"Même si on avait pu mettre plus d'argent, ça n'aurait pas suffit à empêcher la liquidation", a ajouté la ministre. "L'enjeu maintenant est d'être à côté de l'entreprise qui pourra reprendre Le Quotidien pour qu'il continue", a encore répété Rima Abdul Malak.
Membre du Syndicat National des Journalistes et représentant du personnel au Quotidien, Edouard Marchal demande aujourd'hui au gouvernement de mettre la main à la poche afin d'éviter la liquidation judiciaire du journal du Chaudron et le licenciement de sa cinquantaine de salariés.
Une intervention de l'Etat pour les journaux réunionnais ?
"Il faut plusieurs centaines de milliers d'euros pour permettre une continuation d'activité, obtenir une deuxième période d'activité et ensuite travailler sur un plan de reprise du journal", estime le journaliste.
"Les journaux sont éligibles à une aide spécifique, l'aide au pluralisme des médias ultramarins, mais cette aide est bien insuffisante pour permettre d'équilibrer l'activité", explique encore Edouard Marchal.
Une situation particulière en Outre-Mer
"Il y a d'autres fonds qui existent notamment pour compenser les surcoûts liés à l'augmentation du prix du papier. Etrangement, les journaux réunionnais ne rentrent pas dans les critères selon ce que nous dit le ministère", regrette aussi le journaliste qui rappelle que les médias ultramarins ont des contraintes et des coûts d'approche qui sont bien supérieurs à leurs homologues de l'Hexagone.
S’agissant du JIR, "dont la situation de trésorerie est également complexe", la ministre promet de "regarder ce qui peut se passer dans les prochaines semaines".
"La mort programmée de notre presse écrite locale peut être évitée"
Dans un communiqué, Philippe Naillet, député socialiste de la 1ère circonscription, interpelle également la ministre de la Culture Rima Adbul Malak.
"Dans une démocratie, le pluralisme de la presse est un gage de liberté d’expression, de liberté d’information et de liberté d’opinion", rappelle l'élu qui estime aussi que "la mort programmée de notre presse écrite locale peut être évitée si l’Etat prend sa part dans le sauvetage de nos journaux papier".
"A côté des réseaux sociaux et des médias en ligne, il faut une presse écrite de débat, de recherche, de confrontation d’idées sur le temps long pour se forger un avis éclairé, d’autant plus que la presse nationale ne traite jamais ou très rarement des sujets qui concernent notre territoire", argumente encore le député Naillet.
Préserver les emplois
Serge Hoareau, le président de l'AMDR, l'Association des maires du département de La Réunion, apporte également son soutien aux salariés et dirigeants de la presse écrite réunionnaise "dans leur combat pour une presse libre et plurielle". L'élu ajoute que "toutes ces personnes et leurs familles méritent que l'on se batte pour préserver leurs emplois et leur avenir".
La maire de Saint-Denis Ericka Bareigts demande de son côté au Gouvernement et à la ministre Rima Abdul Malak "de tout mettre en œuvre pour sauver les médias réunionnais".
"Des aides existent que ce soit pour les entreprises en difficulté ou pour les médias de façon spécifique, elles doivent être mise en œuvre dans les meilleurs délais", conclut l'ancienne ministre des Outre-mer.